Critiques

Pharmakon

Bestial Burden

  • Sacred Bones Records
  • 2014
  • 29 minutes
7,5

pharmakon-320x320Bestial Burden est le nouvel album de la jeune sensation new-yorkaise du noise Margaret Chardiet, alias Pharmakon. Comme son album de l’an dernier, Abandon, c’est un album court qui fout la trouille. On associe habituellement le mot “album” à quelque chose d’un peu plus consistent que ce qui est offert ici. Bestial Burden est une courte décharge avec une seule idée en tête et une seule chose à exprimer. Et si le mot décharge vous fait penser à quelque chose de destructeur (ou de bassement anatomique), la connotation est très appropriée.

Cet album aurait été inspiré par une urgence médicale et une opération chirurgicale qu’aurait subie Chardiet. Pendant sa convalescence, elle a commencé à percevoir son esprit comme un passager prisonnier d’un corps faillible et voué à la décrépitude, à la mort et à la décomposition. La joie, quoi! Bestial Burden a les défauts de ses qualités. Il n’est guère plus que l’expression de cette seule et unique idée, mais cette idée est traduite à la perfection. Bestial Burden est pure angoisse et panique exprimée par les sons.

Pharmakon est encore jeune, mais œuvre depuis déjà plusieurs années dans l’underground noise de New York. Si elle reçoit passablement plus d’attention que ses pairs, c’est en partie à cause de l’incongruité de voir une jeune femme faire un vacarme aussi malsain, mais c’est aussi pour l’aspect physique et combatif de ses spectacles. Elle sitedemo.cauit des sons à partir de sources diverses, notamment en frappant et frottant une grosse plaque de métal, elle fait jouer ces sons en boucle, puis elle arpente la scène et descend dans la foule pour grogner et hurler à proximité du public.

Mais au-delà de l’apparence et de l’énergie sur scène, c’est par sa voix que s’impose véritablement Pharmakon. C’est ce qui retient l’attention à la première écoute, et c’est ce qui garantit que Chardiet reçoive plus d’attention que d’autres musiciens noise, même ceux à la technique et au style plus développés. C’est l’aspect de sa musique qui la rend la plus humaine, même si ces hurlements n’ont presque plus rien d’humain quand elle les pousse à fond. Malgré leur aspect rébarbatif, c’est ce qui risque le plus d’attirer vers elle des fans pas encore habitués au noise industriel tel qu’elle le préconise.

J’espère que la suite prendra plus d’ampleur et d’envergure, dans le sujet comme dans la technique, mais pour l’instant, la musique de Pharmakon fait ce qu’elle a à faire, avec une très grande efficacité et une impressionnante force de frappe.

Ma note: 7,5/10

Pharmakon
Bestial Burden
Sacred Bones
29 minutes

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