Critiques

Odonis Odonis

Odonis Odonis – Post Plague

  • Telephone Explosion
  • 2016
  • 33 minutes
7,5

Odonis OdonisRésumé des épisodes précédents: Odonis Odonis est un trio de Toronto mené par Constantin (Dean pour les intimes) Tzenos qui, jusqu’à tout récemment, donnait dans un rock garage aux accents surf et psychédéliques saucé de part et d’autre dans une généreuse portion de reverb et livré avec une agressivité sporadique pas piquée des vers. Cette recette invitante a donné naissance à Hollandaze en 2011 et Hard Boiled, Soft Boiled en 2014.

Sauf que tout ça, c’est de l’histoire ancienne.

Dans un revirement de situation qui fait écho au Radiohead post-OK Computer, les gars ont troqué leurs guitares pour des synthés et des boîtes à rythmes. Ce troisième effort est donc radicalement différent. À un point tel qu’à la première écoute, on peine à réussir à y entendre un quelconque écho du groupe que l’on chérissait tant.

Doit-on s’en plaindre pour autant? Faut-il craindre le changement?

Oui et non.

Tous les tripeux de guitare ne deviennent pas des amateurs d’industriel/électro/cold wave/post-ce-que-tu-veux du jour au lendemain. De mon côté, j’apprécie qu’un groupe me surprenne dans le détour avec un changement aussi radical. Le concept principal de l’album est inspiré par le transhumanisme et l’abandon de sa forme biologique pour faciliter l’adoption de notre conscience par l’intelligence artificielle. D’où l’utilisation des instruments numériques, probablement (bravo, Sherlock!). Fini, donc, les couches opaques de gros reverb et les instruments à cordes. Les voix sont désormais à l’avant-plan et couchées sur des loops de batterie électronique et des riffs qui n’en sont plus puisqu’ils ont été remplacés par des échantillonnages répétitifs et des mélodies de synthétiseurs occasionnellement distortionnées et criardes. C’est encore bien violent dans les coins et c’est même assez dansant par moments. Une chose est sûre: c’est tout sauf ennuyant.

Parmi les points forts, on remarque la tonitruante That’s How It Goes, la sournoise Pencils durant laquelle on peut également entendre la voix de Kathryn Calder des New Pornographers, et le moment «dancefloor» de l’album: Game. Les attaques rythmées dans Vanta Black et Betrayal nous font également passer de bons moments. Pour ce qui est des points faibles, Needs est peut-être un peu moins attrayante que les autres. Pour faire une histoire courte, le disque n’a pas le temps de devenir trop chargé ou de nous emmerder avec ses quelques 33 minutes bien tassées.

Un seul petit bémol, par contre: en nous plongeant dans un univers synthétique très froid et glauque, autant au niveau conceptuel que musical, le trio se dévoile un petit lien de parenté avec The Soft Moon et même HEALTH dans ses moments les moins pop. Ce n’est pas négatif puisque ce sont là deux talentueuses formations qui ne donnent pas leur pareil en matière d’ambiances technologicauchemardesques (je vais aller faire breveter ce brillant mot-valise bientôt). Reste qu’encore aujourd’hui, j’aurais énormément de difficulté à trouver aussi clairement des ressemblances avec d’autres groupes au Odonis Odonis du bon vieux temps. Damné sois-tu Skynet!

MA NOTE: 7,5/10

Odonis Odonis
Post Plague
Telephone Explosion
33 Minutes

http://www.odonisodonis.com

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