Critiques

Maxime Gervais

Artiste raté

  • Cuchabata Records
  • 2016
  • 42 minutes
7

maxime-gervaisLe clown est triste, disait Ringo Rinfret dans une parodie signée Rock et Belles Oreilles. On pourrait facilement appliquer cette même mention à Artiste raté de Maxime Gervais. Celui qui nous avait offert l’appréciable Slacker en 2015 revient à la charge avec un nouvel album fait de ses dix doigts d’un bout à l’autre.

La grande moitié des Pic-Bois fait un constat d’échec sur sa carrière. En fait, il exprime la réalité de la plupart des artistes qui se rendent compte que le succès est un phénomène étrange et beaucoup moins blanc et noir que ce qui est projeté dans les médias. Artiste raté est lucide même s’il est aussi magnifié pour la cause. Maxime Gervais en met un peu plus pour faire comprendre à l’auditeur la réalité d’un artiste « normal » ou « moyen » dans la société. Bien loin des BS de luxes décriés dans certaines radios populistes.

OK, le clown est triste, mais quand même drôle. Maxime Gervais nous raconte son meilleur lendemain de veille dans Événement familial, une chanson folk rock avec des chœurs aussi intéressants qu’incessants. Ça fonctionne très bien. Il nous offre aussi une mélodie complètement intoxicante sur l’acoustique X-Files (Hikikomori blues). C’est l’une des chansons les plus abouties et intéressantes sur Artiste raté. Tout est parfait, de l’air, à l’interprétation nuancée, le texte bien tourné et les atmosphères enveloppantes aux claviers. Ça fonctionne à merveille. Maudit que c’est cool compte aussi sur une mélodie efficace où Gervais raconte une soirée passée avec une jeune mexicaine qui a dormi collée dans son lit sans tomber dans le charnel. Cute.

Les chansons ne sont pas humoristiques en tant que telles, mais comportent toujours un certain sens du comique. C’est intéressant, nuancé et d’une certaine façon inclassable comme approche. Maxime Gervais a beau raconter que les gens lui parlent encore de son premier album, mais sur Artiste raté, il offre plusieurs chansons qui valent le détour. La pièce-titre s’étire sur plus de six minutes et raconte les tribulations de l’artiste pris dans des conditions misérables pour pratiquer son art. Un spectacle où tu fais « 13 piastres et des capotes ».

Maxime Gervais offre un album marginal comme à son habitude. C’est plus fourni que sur Slacker et si quelques expériences tombent un peu à plat comme Avec les punks de Valleyfield, la plupart des titres frappent dans le mile. Il nous démontre aussi qu’il a un sens de la mélodie intéressant. Un album qui mérite le détour si t’aimes les choses champ gauche avec des pointes de sarcasme.

Ma note: 7/10

Maxime Gervais
Artiste raté
Cuchabata Records
42 minutes

https://maxoslegervoide.bandcamp.com/album/artiste-rat

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