Chroniques

Lamps

Under The Water Under The Ground

lamps-under-water-under-ground_grandePour la plupart d’entre nous, le rock’n’roll est une musique énergique, simple et joyeuse, qui incite à danser. Grandement inspirée du blues, du swing et du boogie-woogie, elle est la plupart du temps très festive et donne envie de s’éclater jusqu’aux petites heures du matin. De préférence avec deux ou trois petits verres dans l’nez pour se faire aller les hanches sans trop de retenue. Pour la formation californienne Lamps, il en est tout autrement. Et pas à peu près.

Effectivement, le trio composé de Joshua Erkman, Monty Buckles et Jimmy Hole, ne voit clairement pas la chose sous cet angle. Leur rock’n’roll garage est brutalement mélangé à du noise-rock et du punk qui n’est pas de tout repos. Tout ça, sans aucun compromis. Pour vous donner une idée à quoi ressemble la musique de Lamps, je dirais qu’elle est aussi délicate et radieuse que l’application Tinder peut être romantique.

Sorti en 2012, l’album intitulé Under The Water Under The Ground en est un aussi malsain qu’attractif. Le type d’album que tu ne peux t’empêcher d’écouter à l’occasion, mais qui te fout presque toujours la trouille, ou bien alors te fait rire jaune poussin. Bien que le trio nous propose une musique à la fois asphyxiante et quelque peu bourrative, il y a ce fort côté lugubre et mystérieux qui peut inciter les plus aventuriers à y revenir de temps à autre. Ceux et celles qui préfèrent la musique pop ou les ballades sirupeuses peuvent passer go… et ne rien réclamer!

Doté d’une réalisation de type «papier sablé à grains extra gros», Under The Water Under The Ground est un enregistrement d’une demi-heure qui décape pas rien qu’un peu. Une offrande musicale aussi douce aux oreilles que peut l’être de la sauce Tabasco dans un œil. La guitare électrique y est bruyante, régulièrement dissonante, et donne bien des fois dans la surenchère de distorsion, pendant que la basse est aussi sale que l’eau du Gange. La voix tantôt nasillarde, tantôt amorphe de Monty Buckles, est presque toujours noyée dans le vacarme du trio. D’ailleurs, ne cherchez pas les mélodies vocales hyper accrocheuses, il n’y en a que très peu, pour ne pas dire pantoute. De l’attitude punk à son meilleur.

La galette, d’une durée de 31 minutes bien compactes, s’ouvre sur la courte et explosive chanson intitulée Dogcatcher, qui elle, change d’humeur aussi souvent que Pamela Des Barres changeait de vedette rock durant les années 60 et 70. Les deux morceaux suivants, nommés Clouds et An Irrational Fears Of Sailors, sont probablement ceux qui écorchent le moins les canaux auditifs et rappellent quelque peu l’excellente formation The Intelligence. Par la suite, et jusqu’à la fin, c’est une décharge sonore sans merci. Les Learned Hopelessness, Guided Missile, Pagodas et I’ve Been On A Lot Of Camels m’apparaissent être les autres pièces les mieux réussies du lot.

Dire que cette offrande musicale n’est pas destinée à tous relève de l’euphémisme. La très forte majorité des gens préféreraient probablement boire un grand verre de décapant à peinture plutôt que d’écouter une demi-heure de Lamps. Par contre, ceux et celles qui oseront écouter Under The Water Under The Ground quelques fois, y trouveront un excellent disque qui se dévoile lentement au fil des répétitions et des saignements d’oreilles.

Lamps
Under The Water Under The Ground
In The Red Records
31 minutes
Paru en 2012

1. Dogcatcher
2. Clouds
3. An Irrational Fear Of Sailors
4. Learned Hopelessness
5. Pigeon Guided Missile
6. H.B.D.
7. You’re Belinda
8. Pagodas
9. Famous Chimps
10. I’ve Been On A Lot Of Camels
11. Hawaiian Voters

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