Jef Barbara a déjà fait quelques vagues à Montréal avec son album précédent intitulé Contamination. Celui qui a adopté l’androgynisme à la Bowie affectionne particulièrement l’électro-pop et le glam rock. Dans un univers musical où les genres se métissent, le Montréalais offrait un peu plus tôt cet automne son deuxième album titré Soft To The Touch.

On peut classer Barbara dans les mêmes eaux que Twin Shadows, tous les deux mettant à l’avant-plan des guitares aux sonorités tout droit sorties des eighties. Soft To The Touch n’y fait pas exception et le guitariste Asäel Robitaille y est pour beaucoup dans le son du Montréalais. Idem concernant l’apport des deux autres membres du groupe qui accompagne Jef Barbara. La batterie de Guillaume Éthier est fluide et la basse de Jackson MacIntosh est langoureuse; si ce n’est pas carrément cochonne.

De son côté, Barbara est toujours aussi coulant, submergé dans un soul de chambre qui cherche et réussi parfois à être sexy. Son interprétation est toujours assumée en entier. On fait référence à l’ironie latente de la pièce Erection, alors que Barbara cherche constamment à être chaud et voluptueux. La direction artistique préconisée est beaucoup plus austère sur ce titre… alors qu’on parle bien de parties génitales prêtes pour une séance de jambe en l’air.

Un des coups les plus fumants de l’album est sans aucun doute le choc qu’il crée entre la première pièce About Singers (qui est mélancolique et fournie musicalement parlant) et le climax final dépouillé nommé Soft To The Touch. Si sur la première, ce sont des guitares langoureuses et gigantesques qui dominent… et bien sur la deuxième, Barbara nous laisse pantois devant le dépouillement sonore évoqué. Quand on parle d’une bonne réalisation, en voilà un exemple probant!

Par contre, la pop très eighties de Barbara aurait été à contre-courant dans les années 90 alors que son ironie l’aurait totalement isolé du lot. Dans le contexte actuel, on se retrouve avec un album qui se colle à la mouvance électro-pop. Bien que ce soit bien fait, de nombreux groupes et artistes pataugent dans les mêmes eaux. Notez bien, si c’est votre genre de prédilection, vous trouverez chez Jef Barbara un artiste qui vous captivera; mais voilà, ça manque légèrement de profondeur. Barbara y va aussi de quelques morceaux dans la langue de Molière dont la surprenante Amour Ardente.

Bref, une galette avec ses bons et mauvais coups pour le créateur qui ne manque certainement pas de talent. Par contre, sa pop semble parfois tourner légèrement en rond. N’en demeure pas moins que Soft To The Touch plaira assurément aux fans de Twin Shadows!

Ma note: 6/10

Jef Barbara
Soft to the Touch
Tricatel Records
49 minutes

www.jefbarbara.com/