Critiques

Jacco Gardner

Hypnophobia

  • Polyvinyl Records
  • 2015
  • 40 minutes
7,5

Jacco GardnerOn avait beaucoup apprécié le Cabinet Of Curiosities de Jacco Gardner; disque paru en 2013. Les Européens, particulièrement les cousins français, ont flippé complètement sur cette création évoquant autant la pop psychédélique des Turtles que le folk narcotique de Syd Barrett. De notre côté, on avait été subjugué par la qualité des arrangements et de la réalisation de Gardner, un peu moins par son songwriting. Il n’a que 27 ans. Imaginez!

Donc, le talentueux poteux est de retour cette semaine avec un deuxième album sous le bras titré Hypnophobia où l’on y entend une authentique tentative de modernisation de la pop psychédélique. Le jeunot présente des chansons aussi labyrinthiques qu’auparavant, mais ça sonne franchement plus 2015 que… 1969! Sur cet aspect, c’est une réussite totale. Gardner prend le vintage à bout de bras et le parachute dans l’avenir. La marque d’un grand musicien!

On a droit à dix morceaux planants, rétrofuturistes (le mot de l’année!) qui évoque le rêve éveillé et la contemplation sans être anesthésiant. Les lignes de basses sont rondes et percutantes, les synthés nous font divaguer, les guitares autant acoustiques qu’électriques servent généralement de fond sonore laissant toute la place à la section rythmique de même qu’aux claviers hypnotiques et les mélodies remémorent parfois un Ariel Pink sous tranquillisant. Jacco Gardner est un alchimiste qui joue de la console comme un grand garçon. Ce disque sonne comme ce n’est pas permis.

Va pour la séance de génuflexion, mais on a quand même de petites réserves… On admire le talent d’arrangeur/réalisateur de l’artiste, mais il faudrait, dans un avenir rapproché, que le blanc-bec mette autant d’effort à peaufiner son écriture chansonnière. On est souvent pantois devant les prouesses de studio de Gardner. On l’est à quelques occasions un peu moins devant ses chansons.

La majorité des morceaux faiblards se retrouvent en fin de parcours. On note la mélodie bancale et paresseuse de Before The Dawn ainsi que l’inerte Make Me See. Curieusement, Gardner nous gratifie de trois instrumentaux magnifiques: Grey Lanes, Hypnophobia (un peu de voix, mais à peine!) et All Over, mais ça cache quelque chose qui pourrait être un manque de confiance mélodique… Cela dit, ne boudez pas votre plaisir, le néerlandais fera paraître un jour ou l’autre un disque marquant. Pas de doute là-dessus!

Hypnophobia est une conception sonore qui se bonifie au fil des écoutes. S’agit de laisser en plan les faiblesses de certaines compositions et se laisser bercer par les magnifiques atmosphères pop méditatives proposées par ce jeune créateur de talent. On n’a pas fini d’entendre parler de Jacco Gardner et ça nous réjouit au plus haut point! Un autre pas en avant pour le jouvenceau!

Ma note: 7,5/10

Jacco Gardner
Hypnophobia
Polyvinyl Records
40 minutes

http://www.jaccogardner.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YDSiImxP6Vw[/youtube]