Critiques

Helmet

Dead To The World

  • Sonic Tours
  • 2016
  • 36 minutes
5

HelmetDans les années 90, j’ai eu un gros coup de cœur pour les albums Meantime et Betty de la formation Helmet. Mené par Page Hamilton (un virtuose guitaristique qui accompagnait David Bowie lors de ses ultimes tournées), le groupe proposait à l’époque un son lourd et tranchant où l’aspect mélodique était souvent relégué au second plan. Le musicien se foutait alors d’être un chanteur mélodique cherchant à tout prix à fédérer le fan consensuel de «rock alternatif»…

De 1999 à 2003, le groupe a pris une longue pause pour renaître de ses cendres en 2004 avec Size Matters. Lors de quelques soirées alcoolisées/narcotiques chez La Brute du Rock, j’ai pu replonger dans l’œuvre plus récente d’Helmet. Pas mauvais du tout. Cela dit, le désormais quatuor était de retour la semaine avec Dead To The World, réalisé en grande partie par le seul membre original… Page Hamilton, qui d’autre?

Avis aux adeptes de la première heure (j’en fais partie), il faudra oublier le Helmet rageur et chirurgical des premiers efforts. On est ici en territoire mi-alternatif, mi-shoegaze, oscillant entre des refrains «arena rock» imbuvables à la Foo Fighters et des moments cathartiques à la Failure. C’est aussi intéressant que navrant.

Dans la catégorie «pas si mal», les Expect The World, Die Alone, Drunk In The Afternoon, Look Alive et Life Or Death (Slow) sont pour la plupart captivantes grâce à ce son plein qui se situe entre ce que Failure et Deftones peuvent proposer. Les refrains sont lourds et mélodiquement à point. Sans être à la hauteur des deux formations mastodontes mentionnées, j’ai pris plaisir à écouter ces chansons fort potables.

À l’inverse, la première moitié de l’album est d’une banalité sans nom. Les riffs sont convenus et les mélodies proférées par Hamilton sont totalement racoleuses au point où les agaçantes références à Dave Grohl pullulent. Le summum de l’inutilité est atteint avec cette reprise de la chanson Green Shirt d’Elvis Costello qui constitue la pire chanson auquel j’ai prêté l’oreille cette année, rien de moins.

Conclusion? C’est un disque en dent-de-scie dont j’aurais très bien pu me passer. Les bons moments shoegaziens ne viennent point compenser ce rock alterno racoleur qui caractérise les pièces positionnées en début d’album. Ce qui était percutant chez Helmet, la lourdeur, la rythmique chirurgical (on s’ennuie sérieusement de John Stainier), les grooves qui rendaient fou, tout ça est disparu pour une musique rock un peu gériatrique qu’on a entendue des milliers de fois. Dommage.

Ma note: 5/10

Helmet
Dead To The World
Sonic Tours
36 minutes

http://www.helmetmusic.com/