Critiques

Guy Garvey

Courting The Squall

  • Polydor Records
  • 2015
  • 47 minutes
7

Guy GarveyGuy Garvey est le chanteur et la figure de proue de l’estimée formation britannique Elbow. En 2011, le quintette avait catapulté Built A Rocket Boys, disque récipiendaire du prisé Mercury Prize. L’an dernier, Elbow récidivait avec The Take Off And Landing Of Everything, une des bonnes parutions de 2014. Puisque Garvey avait accumulé quelques chansons dans son tiroir, le chanteur a cru bon inviter quelques amis à le rejoindre en studio afin de colliger ce premier album solo titré Courting The Squall.

Se joignent à Garvey, Peter Jobson (I Am Kloot), Nathan Sudders (The Whip) ainsi que la chanteuse folk-country états-unienne Jolie Holland qui prête sa voix sur la superbe Electricity. Dès les premières écoutes, on se retrouve en territoire familier sur ce Courting The Squall. La voix feutrée et reconnaissable à mille lieues de Garvey nous fait sentir totalement confortable. Musicalement, les adeptes d’Elbow s’y retrouveront aisément, le chanteur ayant fait le choix de demeurer à l’intérieur de sa zone de confort.

Même si Garvey tente quelques incursions jazzistiques aux accents soul dans sa musique, on reconnaît d’emblée la signature de l’artiste, du moins celle préconisée chez Elbow. Unwind constitue l’exemple parfait de cet amalgame «Elbow/soul/jazz». Cette chanson, construite sur la même progression d’accord, propose un crescendo contrôlé sur lequel Garvey répète inlassablement la même ligne mélodique. Les harmonies vocales très «soul» viennent amoindrir l’effet hypnotique de la chanson. Dans l’ensemble, c’est réussi.

On aurait souhaité un peu plus de différenciation entre ce que crée habituellement Elbow et la personnalité propre de Garvey… qui ne se distingue pas assez sur ce Courting The Squall. Néanmoins, la voix du chanteur demeure une référence, le parolier fait encore un excellent travail et les arrangements minimalistes, mais édifiés avec une indéniable minutie nous transportent dans un univers feutré et douillet. L’auditoire adulte y trouvera assurément son compte et c’est loin d’être péjoratif. Disons qu’entre Courting The Squall et toutes les mièvreries «jazz vocal» entendues ces vingt dernières années, je vous conseille fortement le premier solo de Garvey.

Cela dit, ce disque demande quelques écoutes avant de déceler les petites perles musicales saupoudrées subtilement tout au long de ce Courting The Squall. J’ai fortement apprécié la rythmique quasi tribale (qu’un Tom Waits n’aurait pas renié) dans l’entrée en matière Angela’s Eyes, l’apport des cuivres dans Harder Edges, la très Elbow titré Juggernaut, la montée dramatique parfaitement maîtrisée (magnifique piano) dans Yesyerday, l’orchestrale Broken Bottles And Chandeliers de même que la confidentielle Three Bells.

Guy Garvey s’est fait plaisir avec quelques collaborateurs-amis qui sont venus lui prêter main-forte en mettant sur le marché un disque conçu sans prétention et qui est largement supérieur à la moyenne. Le créateur est maintenant libre de faire ce qu’il veut, mais il a préféré demeurer dans des sentiers coutumiers et c’est tout à fait acceptable, compte tenu de l’immense talent qui habite Guy Garvey. Un album qui fera patienter sans effort le fan fini qui attend de pied ferme le prochain Elbow.

Ma note: 7/10

Guy Garvey
Courting The Squall
Polydor Ltd.
47 minutes

http://www.guygarvey.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=CIEhf4n221o[/youtube]

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.