Critiques

Gone Is Gone

Echolocation

  • Rise Records
  • 2017
  • 55 minutes
7,5

Echolocation est le premier disque complet de Gone Is Gone, une formation composée de membres d’At The Drive-In (Tony Hajjar), Mastodon (Troy Sanders), Queens Of The Stone Age (Troy Van Leeuwen) et du compositeur de musique de film Mike Zarin. Pour ceux qui seraient tentés de référer à Gone Is Gone comme un super-groupe, libre à vous. Si la définition que vous vous faites de l’exercice vous pousse à vous attendre à des chansons fédératrices et ultras accrocheuses à la Velvet Revolver, alors vous n’êtes peut-être pas à la bonne place.

Car Echolocation est un premier effort dense, pesant et brumeux à souhait. Et même si ses propositions stratifiées ne négligent pas la mélodie, il n’en demeure pas moins qu’Echolocation, comme l’EP qui l’a précédé en 2016, est un album complexe. Sans être inaccessible, c’est un album que l’on doit apprivoiser tout de même pour en déceler toutes les subtilités. Pour le dire de manière plus directe : contrairement à plusieurs œuvres de super-groupes, Echolocation semble guidé par une vraie démarche d’auteurs. Surtout, on sent que la livraison en studio n’a pas été bouclée rapidement en raison des horaires trop chargés des membres du groupe. Ce dernier point était d’ailleurs une critique que j’adressais à un autre projet du bassiste de Mastodon, Killer Be Killed.

Vous voulez une formule encore plus claire? OK. Gone Is Gone est pour les fans de Mastodon, l’équivalent d’A Perfect Circle dans l’histoire de Tool : un chapitre exploratoire. Et quelle drôle de coïncidence, Troy Van Leeuwen a été membre d’APC. Une fois ces considérations énoncées, est-il bon Echolocation? Oui, très bon.

Les Slow Awakening, Colourfade, Road et Resurge sont les moments d’ombre de ce disque. On diminue le tempo, on lève la tête vers le ciel et on plonge dans un firmament trouble. Resolve est aussi du nombre des chansons plus introspectives, mais accroche par sa mélodie qui n’aurait pas fait rougir le bon Ken Andrews de Failure (qui signe d’ailleurs le mixage, toute est dans toute). Pawns, Ornament, Gift et Fast Awakening exploitent davantage la force de frappe pure, de ces musiciens d’expérience et mettent en valeur les talents de compositeur de Troy Sanders. On est aussi ravi sur ces titres de se prendre en pleine gueule la guitare si caractéristique de Troy Van Leeuwen, jouée dans les aigus.

Ma pièce préférée est un élégant mélange de ces deux niveaux d’intensité. La pièce qui ouvre Echolocation, Sentient, est un long déploiement d’ambiances et d’atmosphères avant l’atteinte d’un sommet d’intensité : le refrain qui culminant enfin vers un chrono de deux minutes quarante. La batterie est lente et lourde, les guitares sont d’abord tranchantes puis écrasantes le tout est orné de l’incroyable étendue vocale de Sanders. La pièce connaîtra plusieurs moments de détente avant de déployer son climax final. Un morceau hypnotique, je vous le dis.

En conclusion, Echolocation est une bonne sitedemo.cauction, un effort honnête. J’aurais aimé que les parts d’ombres et les moments plus bruts s’harmonisent mieux à l’intérieur des chansons, mais l’album est tout de même d’une grande cohérence et d’une intrigante complexité. En un mot, c’est un « grower ». Bonne écoute.

Ma note: 7,5/10

Gone Is Gone
Echolocation
Rise Records
55 minutes

http://goneisgoneofficial.com/