Critiques

Friendly Rich

Bountiful

  • Pumpkin Pie Corporation
  • 2015
  • 41 minutes
6,5

Friendly Rich - BountifulAu mois de juin dernier, paraissait virtuellement l’album Bountiful de Rick Marsella, alias Friendly Rich. La semaine dernière, la copie physique de Bountiful arrivait sur le marché et en appui à ce «deuxième lancement» d’album, le créateur fou sera en tournée au Québec du 12 au 19 février prochain. Ce compositeur dingo, originaire d’Oakville, Ontario, possède plusieurs disques à son actif créés en compagnie de ses habituels accompagnateurs nommés Lollipop People. Ce musicien accompli détient également une maîtrise en musique de l’Université de Toronto.

Musicalement, on est clairement dans les mondes étranges de Mr. Bungle et Frank Zappa, incluant quelques éléments de musique klezmer ainsi que des alliages sonores évoquant le cirque itinérant. Si on ajoute à ces ingrédients, une voix remémorant Tom Waits (en format moins décapant, il va sans dire), ça vous donne une excellente idée de ce que propose Friendly Rich. Artiste qui doit être fort captivant en concert, mais qu’est-ce ça donne sur disque?

Aux premières auditions, on est épaté par la singularité des compositions de Marsella: changements de rythmes subits, mélodies bizarroïdes, cris stridents, rock atypique. Souvent, au cours d’une seule et même chanson, on y entend des ascendants aussi diversifiés que Johnny Cash, Gogol Bordello, Frank Zappa et Mr. Bungle et sur cet aspect, c’est particulièrement réussi.

Là où le bât blesse se situe au niveau des mélodies un peu trop forcées de Marsella. C’est parfois surjoué ce qui fait qu’on émerge de l’écoute de ce Bountiful quelque peu groggy. Marsella aurait eu intérêt à être un peu plus accrocheur. À l’avenir, il devrait mettre ses efforts à atteindre un niveau d’authenticité plus élevé. N’est pas Mike Patton (Mr. Bungle, Faith No More, Tomahawk, etc.) qui veut, n’est-ce pas?

Côté texte, l’homme ne se prend vraiment pas au sérieux. Avec des titres aussi jouissifs qu’I Ain’t Racist, But…, Penis Suitcase, Pierre Elliot Trudeau’s Train et Control-Alt-Delete, on est catégoriquement dans un univers surréaliste/humoristique titré tout droit de l’œuvre de Frank Zappa. Sur ce plan, votre vieux briscard a fortement apprécié.

Quelques morceaux fort potables sont venus titiller nos oreilles: la très Johnny Cash titré I Ain’t Racist, But…, la funkisante The Real Estate Song, le folk country Bountiful, la très Tom Waits intitulée Countryside Blues ainsi que le petit côté rock/new wave entendu sur Paprika’s Aria. Pas de doute, c’est un bon disque… mais qui aurait assurément mérité un meilleur apport mélodique.

Friendly Rich est un ovni essentiel dans le paysage musical canadien et les adeptes de ce folk/rock/funk déjanté expérimental devraient poser leurs oreilles sur Bountiful. Voilà un bon divertissement qui ne remplacera en aucun temps les pointures mentionnées ci-haut, mais qui saura distraire pendant de précieuses minutes.

Ma note: 6,5/10

Friendly Rich
Bountiful
Pumpkin Pie Corporation
41 minutes

http://www.friendlyrich.com

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