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Les FrancoFolies 2017: du rock acadien et de l’électro-pop française

Les FrancoFolies battent leur plein. On court comme des fous pour essayer de tout couvrir ce que les programmateurs ont préparé pour nous… mais il faut se rendre à l’évidence, il y a tout simplement trop de bonnes musiques qui se jouent dans les rues de Montréal en ce moment.

Es-tu stylé?

Le premier arrêt de la soirée était en compagnie de Bengale, une troupe de Bordeaux fait son chemin sur la scène électro-pop depuis quelque temps maintenant. Ils avaient même fait un split avec les doux voyous de X-Ray Zebras. Voici que le duo était à Montréal pour présenter ses pièces qui mélangent les planchers de danse et une attitude nonchalante. Pour l’occasion, ils étaient accompagnés à la basse par Symon Marcoux de Los. Le duo transformé en trio a enchaîné les pièces qui étaient généralement intéressantes. Un sentiment d’inégalité se dégageait de la performance, mais il faut dire que ce n’était peut-être pas les conditions idéales pour les voir alors que le soleil était encore là pour nous éclairer.

Sur scène nous avions un guitariste fort doué, un chanteur avec de l’attitude à revendre et Marcoux à la basse, efficace et solide comme un chêne. Là où ça fait un peu plus mal c’est les enchaînements de percussions préenregistrées qui enlevaient de la force à leur son contagieux. Ça aurait été une expérience d’autant plus satisfaisante avec de vrais tambours qui éclatent. Manque de moyens? Sans doute… ce n’est pas facile de faire de la musique indépendante et de traverser l’océan Atlantique pour la partager. Somme toute, Bengale a prouvé que c’était un groupe à surveiller et qui possède une parole poétique intéressante. Parfois, on a l’impression qu’on beurre un peu épais pour nous convaincre qu’ils sont cools. Les gars, on vous trouve cool, ce n’est pas nécessaire de nous convaincre.

Quand l’Acadie débarque à Montréal

Depuis les premiers succès de Radio Radio, une vague d’artistes incroyablement talentueux nous proviennent chaque année de la péninsule acadienne. Et tous ces beaux garlous étaient rassemblés sur la grande scène de la Place des Festivals à l’appel de Joseph Edgar qui avait proposé aux FrancoFolies de faire un gros party. On peut dire : mission accomplie de A à Z.

C’est la talentueuse Marie-Jo Thério qui lançait les hostilités avec Café Robinson. Puis le band maison, Les Païens sont arrivés. On va s’entendre tout de suite sur quelque chose : quand ton backing band c’est Les Païens c’est comme faire une course avec une F1 quand les autres conducteurs chauffent des Ladas. Rapidement, ils ont été rejoints par les Hay Babies pour Motel 1755 de leur plus récent album La 4e dimension. Puis, Les Hôtesses d’Hilaire sont venus nous convaincre de faire faillite avec un Serge Brideau en robe. Seul bémol? On n’entendait pas du tout les trois Hay Babies restées pour agir à titre de choristes. Faut pas oublier Céleste Godin qui est moins connu ici, mais qui sait aussi se débrouiller derrière un micro. Amélie Hall et Joseph Edgar nous ont proposé une composition C’est pas donné, qui sonnait étrangement comme Tomber de Laurence Jalbert. Ça doit être le riff de guitare qui s’y apparente… mais OH MY GOD, on était sur le bord de chanter du Jalbert à tue-tête.

Que serait un party acadien sans Lisa Leblanc. Elle a mis le feu à la foule avec Ma vie c’est de la marde et Motels. Et là… tout s’est emporté dans l’ouragan acadien. Joseph Edgar qui fait Horizon, Jocobus qui drop Ma vie c’est un movie et des recrues qui font jaser : Caroline Savoie, Pierre Guitard et Menoncle Jason. Ce dernier a un petit quelque chose de Johnny Cash en version marché aux puces. Ça fonctionne à merveille. Et là… la surprise : Jean-Paul Daoust qui nous fait une Ode à Tarzan avec toute la grandiloquence dont lui seul est capable. C’était beau. C’était puissant. C’était contagieux. Il a conquis la place des festivals avec une parole forte et viscérale et rapidement la foule a entonné les « Hi Han Hi Han » en sa compagnie.

«Tous les soirs j’attends Tarzan*
Tous les soirs c’est effrayant
Tous les soirs c’est indécent
Tarzan son sexe de diamant
Han hi han hi han hi han
Han hi han hi han hi han »
– Ode à Tarzan

Le spectacle s’est clôturé sur un medley de Radio Radio, Les Hôtesses d’Hilaire avec un Serge messianique, Joseph Edgar et son Espionne russe, Lisa Leblanc qui joue du triangle sur Ti-gars et les Hay Babies et la poignante La Poule qui nous rappelle que le trio a un petit quelque chose des sœurs McGarrrigle.

Bref, l’Acadie est toujours belle, mais rassemblée comme ça sur la place des festivals, c’est beaucoup à prendre d’un coup. Ça donne envie d’aller se perdre dans la péninsule, de manger des guédilles sur le bord de la mer et de finir sa soirée dans un jam au Plan B. Espérons que la bande se sent aussi bien accueillie à Montréal qu’on l’est lorsqu’on se transporte par chez eux.

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