Critiques

Florent Marchet

Bambi Galaxy

  • PIAS
  • 2014
  • 48 minutes
6,5

Bambi-Galaxy-c-Olivier-METZGER-1024x1024Sans chauvinisme aucun, Florent Marchet est un peu notre Sufjan Stevens à nous: des albums concepts, du folk très orchestral et des mélodies renversantes. Sans oublier ce petit quelque chose qui fait que n’importe quel titre se transforme en hymne social. Florent Marchet est un cartographe de notre époque. Comme Sufjan Stevens, il porte un regard dur sans cynisme sur son environnement, toujours doté d’un romantisme ébréché presque désabusé qui donne un charme fou à l’ensemble de ses titres.

Après trois albums très chanson et folk, Gargilesse (excellent), Rio Baril (son chef-d’œuvre) et Courchevel (renversant), l’auteur-compositeur français nous offre son quatrième effort, titré Bambi Galaxy. Comme Sufjan Stevens en 2010 avec The Age Of Adz, Florent Marchet surprend son monde en opérant un visage à 180 degrés vers la pop et l’électro barrée. Un pari, un parti pris artistique qui doivent d’abord être salués… avant d’être analysé.

Avec une introduction instrumentale légère comme un tank soviétique, Alpha Centauri, Florent Marchet ne laisse aucun mystère flotter plus longtemps sur sa musique. Des gros claviers soulignent une mélodie assez simpliste, puis répétitions et avalanches d’instruments et de nappes électro viennent compléter un tableau plus ou moins réussi. Arrive le tube Reste avec moi dont la radio a saturé nos oreilles ces dernières semaines. On retrouve un peu le Florent Marchet qu’on aime, cisaillant la société de son regard d’artiste, malheureusement et malgré les textes, sur le plan musical c’est le titre le moins intéressant qu’il n’ait jamais composé. Un refrain lourdingue et une instrumentation loin de la légèreté, et même de la beauté, de ses albums précédents. C’est cette même mauvaise recette qui est appliquée sur tout le début de l’album avec notamment Où étais-tu?.

Il faut aller plus loin dans l’album pour enfin retrouver en Florent Marchet le mélodiste qui nous avait tant fait rêver avec des titres comme Le terrain de sport ou Tous pareil il y a quelques années. D’abord avec Héliopolis, puis surtout avec Space Opéra. Dansant et assumé, cette fois-ci l’électro se marie bien au songwriting du chanteur. Le juste équilibre entre chanson et expérimentation atteint son paroxysme avec le titre éponyme. Une nappe électro bien grasse accompagne Florent Marchet dans une balade en forme de complainte. L’effet est réussi. Et même si le final avec les chœurs peut paraître grandiloquent, il n’en est pas moins efficace.

La fin d’album glisse sur ce souffle épique et osé. Réellement osé d’ailleurs avec Apollo 21 et ce chant parlé qui décrit notre futur dans une station spatiale à grand coup de synthétiseur. À la fois ironique, drôle et beau, c’est le morceau fort de l’album. Il faut attendre le dernier titre Ma particule élémentaire pour entendre une guitare et une mélodie toute simple et belle. Un petit bijou niché toute au fond de ce drôle d’album largement expérimental.

C’est donc un pari risqué, à moitié réussi pour Florent Marchet qui montre avec Bambi Galaxy qu’il sait rebondir après un passé musical plébiscité par la critique. Le goût du risque est louable, mais il faut reconnaître qu’une grande partie de l’album est poussive. C’est sans doute l’album le plus hétérogène de ce début d’année tant il alterne le bon et le moins bon.

Ma note : 6.5/10

Florent Marchet
Bambi Galaxy
PIAS
48 minutes

www.florentmarchet.com/

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=6qg9E0aav_Y[/youtube]