Critiques

Editors

In Dream

  • PIAS
  • 2015
  • 51 minutes
6,5

Editors. Voilà l’un des groupes parmi les plus décevants des dernières années. Après l’excellent deuxième chapitre, An End Has A Start (2007), la formation menée par Tom Smith s’est évertuée à changer les paradigmes de sa musique provoquant ainsi le départ du guitariste Chris Urbanowicz, remplacé depuis par Justin Lockey et Elliott Williams. La dernière parution, The Weight Of Your Love, est l’un des albums les plus soporifiques que j’ai entendus depuis la naissance du Canal Auditif. C’est pour vous dire!

C’est sans grand enthousiasme que j’ai abordé l’écoute de la plus récente offrande de la formation: In Dream. Et puis? Eh bien, ce n’est vraiment pas si mal. Vous me direz qu’après le retentissant échec du précédent effort, il était difficile pour Editors de faire pire. Vrai, je vous l’accorde. Néanmoins, on entend un groupe uni, nettement plus concentré à la tâche, même si ce n’est pas la révolution, tant s’en faut. Tom Smith mentionnait en entrevue ceci: «The Weight Of Your Love was the sound of us to walk again». En effet, il a bien raison et la démarche artistique du groupe est clairement plus assurée et cohérente sur cette production.

In Dream est un alliage consistant de dream pop, de dark wave, de synth-pop avec un petit fond de post-punk pas tout à fait disparu du radar. Même si la réalisation est un peu trop lisse et certaines chansons un peu trop froides, Editors sort la tête hors de l’eau et propose une majorité de ritournelles fort valables. Les trois chansons mettant en vedette Rachel Goswell de Slowdive sont réussies, particulièrement la frémissante The Law qui évoque à la fois Portishead et Beach House. Fort intéressant.

Les ascendants Joy Division/Depeche Mode sont toujours aussi aveuglants (spécialement celui de la bande à Gahan/Gore), mais Editors a accentué ses efforts sur la qualité du songwriting. Le quintette a donné le meilleur de lui-même et fait amende honorable. Ça n’atteint pas les standards des deux premiers disques, mais force est d’admettre que je ne m’attendais pas à une sitedemo.cauction de haut niveau de la part d’Editors. Comme dirait le sénateur conservateur Jacques Demers: «Chapeau!»

Quelques pièces sont dignes de mention: l’électro-pop très Depeche Mode titré Forgiveness, le refrain épique/fédérateur dans Salvation, le cathartique Our Love, la mélancolique (un peu larmoyante) At All Cost ainsi que la grandiose et chorale Marching Orders, titre qui sonne comme un hymne rédempteur pour Editors. Sans blague, c’est une petite résurrection assez inattendue, comme quoi, on peut toujours être surpris dans la vie!

Les fanatiques qui avaient délaissé Editors pourraient être tentés de prêter l’oreille de nouveau à la musique du groupe. Ils ne seront pas subjugués, mais ils y retrouveront un groupe uni, en forme et qui s’extirpe du marasme créatif dans lequel il s’était embourbé. Juste pour le chemin parcouru, ça vaut la peine de porter attention à ce In Dream.