Critiques

Drenge

Undertow

  • Infectious records
  • 2015
  • 38 minutes
7

DrengeLors de la parution du premier album homonyme (2013), le tandem britannique Drenge flirtait sérieusement avec le garage rock aux accents punk. Au printemps dernier, Drenge faisait paraître sa deuxième offrande titrée Undertow (à ne pas confondre avec le classique de Tool) qui voyait le groupe s’adjoindre les services du bassiste Rob Graham; un signe que le désormais trio cherchait à modifier l’amplitude et la puissance de son rock. Réalisé par Ross Orton (Arctic Monkeys, Roots Manuva, M.I.A., etc.), est-ce que Drenge réussit à nous dessuinter férocement les oreilles?

En gros. C’est oui. Undertow est un disque de grosses guitares saturées qui possède un petit penchant grunge, une inclinaison punk fort appréciable et un côté accessible qui plaira peut-être à l’amateur de rock un peu plus consensuel. Si vous ajoutez à ce cocktail la voix relâchée du chanteur-guitariste Eoin Loveless, vous aurez l’impression d’entendre un groupe qui exprime sa colère en parfait contrôle. Cette approche a ses détracteurs (et on comprend), mais puisque le jeunot Loveless est un bon mélodiste, on passe vite au-dessus de cette impression de retenue.

La réalisation limpide et explosive d’Orton n’amenuise en rien l’effet déflagrant des chansons de Drenge. Très souvent, ce genre de sitedemo.cauction diminue l’explosivité d’un groupe rock, mais cette fois-ci à ma grande surprise, ça fonctionne! Le trio sonne avec plus d’impétuosité sans qu’on entende une formation gonflée aux stéroïdes. De plus, il y a une légère orientation «goth-rock nocturne» qui bonifie certaines pièces. Je fais référence à la conclusive Have You Forgotten My Name? dans laquelle on entend quelques relents de ce genre musical.

Drenge a fait un choix artistique qui, la plupart du temps, javellise la personnalité d’un artiste rock, mais les chansons sont au rendez-vous, ça grafigne sérieusement et l’aspect mélodique est bien fignolé… «à la british» bien entendu. Ce n’est pas encore le gros disque, mais je serais de mauvaise foi, si je vous disais que Drenge n’a pas d’avenir. Au contraire, si la formation fait les bons choix créatifs, on pourrait être sérieusement surpris.

Je donne un coup de chapeau mérité à l’excellente Running Wild (une sorte de rock psychédélique à la puissance décuplée), le punk rockabilly nerveux We Can Do What We Want, la très Arctic Monkeys titrée Favourite Son, la direction stoner rock octroyée à The Snake ainsi que l’instrumental Undertow. Seule ombre au tableau? Le soporifique The Woods, du pop-rock franchement terne.

Drenge est un groupe prometteur, mais pour atteindre son plein potentiel, le trio devra prendre les décisions appropriées et se connecter sur ce qu’ils sont réellement. Dans la vie comme en création, il vaut mieux détenir une identité forte et assumée que d’être une girouette qui tournoie au gré du vent… toujours en faisant preuve d’une certaine ouverture d’esprit.

Ma note: 7/10

Drenge
Undertow
Infectious Music UK
38 minutes

http://www.drenge.co.uk

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=nsqy-z8HQ-o[/youtube]

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