Dorian Concept est le projet électro du compositeur autrichien Oliver Thomas Johnson, un talentueux représentant du mouvement de compositeurs maison qui, dans son cas, s’est fait connaître en ligne avec des séances d’improvisation sur son micro KORG et autres jouets numériques. Il nous a offert un premier album en 2009, When Planets Explode et le EP Her Tears Taste Like Pears, publié en 2011 sur l’étiquette Ninja Tune. Il est de retour avec Joined Ends, son deuxième album paru en octobre dernier.

Bonne nouvelle pour ceux (comme moi) et celles qui n’ont pas vraiment aimé When Planets Explode. L’album semblait noyé dans un son «korgien» (comme dans rolandien…) dont le timbre et la brillance finissaient par saturer l’oreille. L’accumulation de sons peu travaillés créait un fouillis spectral, et les structures en boucles étaient parfois si simples qu’on avait l’impression d’avoir écouté la pièce entière après trente secondes. Bonne nouvelle donc.

The Sky Opposite commence en arpèges rythmiques pour devenir une merveille de synthétiseurs scintillants. Ça n’a rien à voir avec WPE, on sourit. Ann River, Mn est dirigée par un chant échantillonné accompagné d’un arpège au piano électrique et des accompagnements synthétiques. Le segment de base est excellent, mais l’effet «copié collé» prend le dessus. Mint refait la même chose, mais cette fois-ci c’est réussi, la ligne mélodique nous fait oublier ce qui s’est passé avant.

Clap Track 4 goûte exactement la même chose que Ann River, Mn, tout comme Trophies et 11.04.2012; l’effet en boucle donne une impression de maquette répétée x fois. Draft Culture débute joliment avec des percussions indonésiennes, passe par un segment électronique plus exploratoire et s’ancre ensuite dans une forme arpégée. C’est bien plus intéressant comme développement, on en veut plus.

Schadentrauer est un petit interlude d’échantillons inversés, tout comme Do, Undo, Redo. Nest Nest s’élève au-dessus de la mêlée (dans la stratosphère en fait) pour croiser rapidement Steve Reich.The Few se démarque également avec son ornementation au Wurlitzer, ses clappements syncopés et sa guitare échantillonnée. Tried (Now Tired) termine l’album en équilibre entre la boucle répétée et la prestation au clavier.

Joined Ends est évidemment un pas en avant pour Dorian Concept, spécialement sur le plan de la richesse sonore et l’efficacité des contrepoints. Ce qui est susceptible de décevoir est «l’héritage» de la composition en séquence de seize ou trente-deux mesures (micro KORG anyone?). Certaines pièces s’aplatissent de par leur prévisibilité, et semblent ne pouvoir être sauvées que par un cinq à sept ou un «boiler room». N’empêche, c’est une musique du moment présent qui a le mérite d’être jouée dans le tapis, entre amis.

Ma note: 6,5/10

Dorian Concept
Joined Ends
Ninja Tunes
45 minutes

ninjatune.net/ca/artist/dorian-concept

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Ejg6K6Pb03E[/youtube]