Critiques

††† (Crosses)

Crosses

  • Sumerian Records
  • 2014
  • 57 minutes
6,5

Chino Moreno possède assurément une des voix les plus sexy de sa génération. Il en fait souvent la preuve avec Deftones. Ses intonations langoureuses ont de quoi séduire. Alors que son groupe principal fait dans le lourd, Moreno n’a jamais caché son amour pour le new wave. Un amour qui est partagé par son ami d’enfance Shaun Lopez qui est le guitariste du groupe Far. Les deux voisins par un après-midi ensoleillé ont commencé à travailler sur Crosses, il y a de cela trois ans, en compagnie de Chuck Doom. Le trio a ensuite travaillé son esthétique tranquillement afin d’en arriver à une proposition qui évoque sorcellerie et symbolisme.

Dès la fin 2011, la formation nous avait partagé son premier maxi qui laissait présager le meilleur. Il enchaîna en 2012 avec un deuxième maxi plus posé pour finalement annoncer qu’un album complet paraîtrait après les sorties de Koi No Yokan de Deftones et du projet Palms de Moreno en compagnie d’ex-membres d’Isis. Tout cela nous amène à la sortie de l’album homonyme du trio.

Si vous avez écouté les deux premiers maxis, vous trouverez sans doute que Crosses laisse sur sa faim. La galette offre quinze titres dont dix étaient sur les parutions mentionnées précédemment. Cela fait très peu de nouveauté pour le fan. Par contre, pour le néophyte, la galette pourrait très bien faire son chemin et accrocher l’oreille.

Crosses attaque dès l’ouverture avec le gros rythme de This Is A Trick qui installe bien l’univers sonore du trio californien. Un univers que Moreno avait déjà abordé sur son projet Team Sleep paru il y a quelques années. La nouveauté The Epilogue est sans doute ce qui s’en approche le plus. On peut y entendre ce qui fait la force de Crosses: son côté épique. Ce penchant se retrouve sur plusieurs pièces, dont la langoureuse Thholyghst qui est toujours aussi délicieuse que sur la première offrande du groupe.

Le côté plus doux du trio est particulièrement présent en milieu de chemin sur la sexy Bermuda Locket et l’ambiante Frontiers, mais c’est sans doute la sombre Death Bell avec son piano et son atmosphère lugubre qui frappe le plus. Cette nouvelle pièce n’est pas la seule qui soit digne de mention. Bitches Brew qui était paru en novembre dernier possède une lourdeur et une noirceur qui est loin d’être déplaisante.

Au final, ce qui peut décevoir sur ce premier opus du groupe n’est pas la qualité des pièces, mais le manque de nouveauté. Pour quelqu’un qui suit Crosses depuis ses premiers pas, vous trouverez très peu de nouveau matériel à vous mettre sous la dent. Heureusement les titres déjà parus étaient très intéressants. N’en demeure pas moins que c’est le néophyte qui profitera le plus de cette sortie de qualité de la part du groupe californien.