Critiques

Yann Perreau

À genoux dans le désir

  • Bonsound
  • 2012
  • 37 minutes
6,5

Cinquième album pour Yann Perreau. Si l’auteur-compositeur-interprète avait déjà laissé une place importante à d’autres que lui sur ses disques précédents (Richard Desjardins, Dédé Traké, Arthur H), jamais il ne s’était abstenu à ce point d’y mettre sa plume. À genoux dans le désir se veut un exercice d’aliénation, alors que les paroles proviennent de la poésie de Claude Péloquin. Pigeant dans une boîte de trois cent textes inédits fournis par le poète, Yann Perreau a pu, à sa guise, raturer, couper, inverser et modifier les vers. Cette appropriation des mots, le chanteur en fait un enjeu vital : après tout, à la fin de l’écoute de À genoux dans le désir, on doit se retrouver devant un album portant sa signature sentimental.

« Tu es sauvage et fabuleuse
Tes jambes dressées comme deux cobras
J’ai ce sourire qui ne ment pas
Diablesse en exile dans la jungle de l’amour
Les arbres t’applaudissent de tous leurs oiseaux
Je ne touche plus à terre, je décolle avec eux
Mes deux yeux dans ton corps merveilleux
Je fais du surplace comme un grand saumon bleu »

Ce sourire qui ne ment pas

Oui, ces paroles sont de Claude Péloquin, mais c’est évident qu’elles appartiennent aussi à l’univers de Perreau, là où la gent féminine (avec la recherche identitaire) en est le centre d’intérêt.

D’ailleurs, les femmes prennent sur ce disque une très grande place, tant dans l’imaginaire que dans la réalisation : Lisa LeBlanc, Catherine Major, Marie-Pier Veilleux, Ariane Moffatt, Elisapie Isaac, Marie-Pierre Arthur, Eleni Mandell, Ines Talbi et Salomé Leclerc y sont en effet entendues.

Avant l’écoute, on a eu une petite crainte de se retrouver devant un disque de « duo » à la sauce Jean-Pierre Ferland. Mais finalement rien de tel ici : les femmes se font discrètes, effacées même, se limitant à accompagner la voix de Perreau. Elles apportent cependant une touche intéressante aux textes parfois crus et directs de Péloquin. Soulignons que ce dernier prend le micro sur la dernière plage du disque et offre un poème au titre évocateur de Au bord du petit lac avec femme fontaine.

Côté musical, il n’y a que Yann Perreau pour nous offrir une ligne directrice si floue sans que cela en affecte, dans une trop grande mesure du moins, notre sensibilité auditive. Rock doux, pop à la limite du bonbon, puis duo piano-voix avant de terminer avec des arrangements dignes d’une discothèque… tout ça sur un disque d’une durée de trente-sept minutes. Franchement, de tout pour tous les goûts!

Ma note : 6,5/10

Yann Perreau
À genoux dans le désir
Bonsound
37 minutes

www.yannperreau.com

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