Critiques

Weezer

The White Album

  • Warner Bros. Records
  • 2016
  • 35 minutes
6

WeezerAutomne 2014. L’imprévisible formation pop-rock Weezer faisait paraître Everything Will Be Alright At The End, un album inégal… comme d’habitude. Et on doit reconnaître que la bande à Rivers Cuomo a côtoyé le pire beaucoup plus régulièrement que le meilleur ces dernières années. La semaine dernière, Weezer revenait à la charge avec un 10e album studio; un 4e disque homonyme qui s’ajoute au Blue Album (1994), Green Album (2001) et Red Album (2008). Semble-t-il que l’ami Cuomo désirait concevoir une création ensoleillée évoquant les plages californiennes et l’insouciance de la jeunesse.

Réalisé par Jack Sinclair, The White Album confirme les intentions claires de son géniteur. En effet, l’influence des Beach Boys est omniprésente, les mélodies sont plus que jamais fédératrices et étonnamment, la cohérence et l’efficacité sont au rendez-vous. Cuomo, cet éternel adolescent, n’avait pas envie de se casser le ciboulot avec des textes trop «songés», préférant aborder des sujets plus légers.

Si Weezer mise sur l’efficacité rock rassembleuse, la réalisation proprette destinée aux radios FM commerciales de l’Amérique amenuise grandement l’impact décapant qu’aurait pu obtenir ce disque. Ça rock, mais ça rock pas mal de manière gériatrique. À l’écoute de ce White Album, on ressent toute la planification mercantile derrière le projet. Ce disque paraît au printemps (d’où l’esthétique dite «estivale» désirée par Cuomo) et j’ai l’impression que Warner aimerait beaucoup que les extraits de cette création tournent en boucles sur les ondes hertziennes nord-américaines. Et ça pourrait bien être le cas!

Objectivement, Weezer fait le travail et propose un album conséquent qui respecte parfaitement l’idéal de son principal songwriter. On pourrait débattre longtemps de la pertinence de ce disque, mais force est d’admettre que l’amateur de pop-rock pas compliqué et consensuel en aura pour son argent.

Weezer nous propose un pop-rock gomme balloune qui comporte très peu de moments faibles. Les chansons qui atteignent la cible? California Kids, Thank God For Girls (excellente mélodie), la parfaitement «beach boy-esque» (Girl We Got A) Good Thing, Do You Wanna Get High, un classique typiquement Weezer titré King Of The World de même que le refrain accrocheur dans Summer Elaine And Drunk Dori. J’ai exécré les pops pianistiques Wind In Our Sail et Jacked Up. D’une platitude exemplaire.

Cela dit, si j’étais bon joueur, je dirais que cet «album blanc» est un bon disque, mais qui est très loin de l’énergie juvénile du bon vieux temps. Si j’étais de mauvaise foi, eh bien, je pourrais affirmer que Weezer est devenu (et depuis longtemps) un groupe rock de pépère. Devinez maintenant à quelle enseigne je loge.

Ma note: 6/10

Weezer
The White Album
Warner Music
35 minutes

http://weezer.com/

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