Critiques

War on Women

Capture the Flag

  • Bridge Nine Records
  • 2018
  • 36 minutes
7,5

L’expression « war on women » est utilisée chez nos voisins du Sud pour décrire les prises de position rétrogrades de ces « bons républicains » envers le mouvement féministe. Il faut avouer que ce parti, qui a toujours campé à droite idéologiquement parlant, s’est radicalisé abusivement avec l’avènement au pouvoir du pervers narcissique qui sert de président à l’une des plus importantes puissances économiques et militaires du monde. Rien de bien rassurant.

Bien avant que le mouvement #mettoo explose à la face du monde, Shawna Porter (voix), Brooks Harlan (guitare), Nancy Hornburg (guitare), Even Tanner (batterie) et Sue Werner (basse), avait pris conscience de toute cette domination masculine en formant, en 2011, un groupe de punk hardcore féministe et mixte nommé… War on Women. En 2015, le quintette proposait un premier album éponyme qui lui avait permis de faire les premières parties d’artistes respectables tels que Jello Biafra, Propagandhi, Anti-Flag, Iron Reagan, Refused et plusieurs autres. La semaine dernière paraissait Capture the Flag, deuxième création studio du groupe.

Plus que jamais dans l’air du temps, les chansons de War on Women abordent de front tous les sujets difficiles qui suscitent tant de polémiques depuis quelques mois : culture du viol, harcèlement sexuel, transphobie, égalité salariale, tout y passe.  Et ce n’est pas la détermination qui fait défaut, tant s’en faut. Avec des titres rentre-dedans comme Dick Pics, Predator in Chief et Divisive Shit, on sait à quelle enseigne loge la bande menée par Shawna Porter.

Dans Predator in Chief – clin d’œil subtil comme un camion dix-roues à vous savez qui –, la chanteuse y va de cette jouissive salve :

« Wink wink nudge nudge,

Touch me and I’ll fuck you up

Yeah, I’ll show you the meaning of fear »

Predator in Chief

Dans Divisive Shit, la dame poursuit sur sa lancée avec beaucoup d’éloquence :

« We start out as the hopes of boys

And end up as the fears of men

The game is fucking rigged »

Divisive Shit

Si le ton est combatif, la musique, elle, se positionne entre punk rock mélodique et hardcore dissonant, l’aspect harmonieux triomphant peut-être un peu trop souvent. Cela dit, ça n’enlève absolument rien au mérite de cette galette. L’énergie juvénile et sincère qui est déployée devrait faire rager tous les masculinistes de l’univers. Ne serait-ce que pour cette raison, ce Capture the Flag est un incontournable, du moins, à l’heure actuelle. War on Women est le véritable chien de garde de l’intégrité féminine. La cerise sur le sundae ? C’est que le batteur et le deuxième guitariste sont des « messieurs », ce qui accentue encore plus la pertinence des propos tenus par Shawna Porter.

S’il avait fallu que War on Women laisse quelque peu en plan ses visées mélodiques, ce disque aurait obtenu une meilleure appréciation de ma part. Qu’à cela ne tienne, Capture the Flag renferme plusieurs brûlots qui ont rempli de bonheur l’auteur de ces lignes. Coup de chapeau au riff matraque de la pièce titre, au rythme endiablé qui anime Dick Pics, à la parfaitement hardcore The Violence of Bureaucracy et à l’apparition de la légendaire Kathleen Hanna (Bikini Kill) dans YDTMHTL (You Don’t Tell Me How to Live).

Honnêtement, Capture the Flag est un disque essentiel à avoir en sa possession pour tout amateur de punk hardcore qui se respecte, surtout en cette période où « le masculin » devra cesser de bomber le torse, de se comporter en goujat et enfin faire preuve d’humilité.

Indispensable.