Critiques

Dany Placard

Démon Vert

  • Simone Records
  • 2012
  • 49 minutes
8
Le meilleur de lca

Nouveau disque pour Dany Placard avec ce Démon Vert, qui marque ainsi d’un quatrième album la carrière solo de celui qui s’est d’abord fait connaître comme le leader de la défunte formation Plywood 3/4. Après l’exercice de style de son CD sorti au début 2011 (10 chansons aux titres d’autant de prénoms féminins et d’histoires de femme), Dany Placard nous avait accordé une entrevue. Dans celle-ci, il disait ne plus vouloir revivre une séance d’enregistrement aussi longue (10 mois!) et rechercher l’urgence pour son prochain projet. «L’attente ce n’est pour moi», réalisait-t-il alors. Voilà donc que nous arrive ce nouvel opus enregistré «rapidement» au studio Planet au printemps dernier avec son band en formation «live».

À l’écoute de Démon Vert, on remarque un retour à la musique folk pour Dany Placard, lui qui avait électrifié sa guitare pour son album précédent. Cette fois, il gratouille la sèche et l’enrobe d’une fumée d’harmonica, de quelques bouffées de trompette ici et là, et de quelques battements d’une batterie lourde. Aussi, une ligne de base suit la vocalise – rarement parfaite, il faut bien le dire – de Placard, pour ainsi ajouter une profondeur sonore grave aux textes franchement personnels de l’artiste.

Tout comme sur son disque le plus accompli (Raccourci, paru en 2008), il aborde encore ici les thèmes du déchirement, de l’abandon et de l’incompréhension. Entre la musique et la famille, le cœur de l’auteur-compositeur interprète et réalisateur, balance, encore et toujours. «Aux yeux du monde, moi je ne travaille pas, je fais la grosse vie sale. Ben, je vis tout seul, dans mon taudis, avec ma guit’, ma tv, pis mon pepsi», chante-t-il, ou plutôt crie-t-il du fond du cœur sur Parc’qui M’fallait, chanson qui résume parfaitement la ligne narrative de ce Démon Vert. Il poursuit, toujours sur cette composition phare de l’album: «Faut croire que j’ai pas pris le bon chemin. Moi, la fin de semaine, je joue dans les bars, je m’ennuie de ma femme, de mes enfants, pis j’reviens brûler plus souvent qu’autrement.»

Ce n’est pas la première fois que Dany Placard nous enduit le canal auditif de ses complaintes. Mais, même si les sujets sont connus, la corde sensible est encore ici atteinte; on «funambule» avec lui sur ce fil de fer si commun pour de nombreux artistes. Comme Fred Fortin avant lui, Dany Placard arpente le chemin poussiéreux de l’amour de l’œuvre sans compromis.

Ma note : 8/10

Dany Placard
Démon Vert
Simone Records
49 minutes

simonerecords.net/dany-placard/

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