Critiques

Vista Chino

Peace

  • Napalm Records
  • 2013
  • 49 minutes
5,5

vista-chino-peaceLes membres de Vista Chino sont dans une position bien ingrate. Le chanteur John Garcia, le batteur Brant Bjork et leurs acolytes ont passé les dernières années dans un trip nostalgie, à jouer les chansons de leur vieux groupe Kyuss, lors de tournées sous le nom Kyuss Lives!.

Au sein de Kyuss Lives! depuis 2010, Garcia et Bjork ont dû composer avec les allées et venues de deux ex-bassistes de Kyuss (Nick Oliveri et Scott Reeder) et avec une poursuite pour les empêcher d’utiliser le nom Kyuss de la part de Reeder et d’un autre ex-membre, Josh Homme, que vous connaissez en tant que leader de Queens Of The Stone Age.

Les tournées et l’utilisation du nom Kyuss ont suffi à provoquer les insinuations de coup de pognon mercantile. Ajoutez à ça les décisions douteuses prises par le groupe et leur gérance, notamment la vente de forfaits VIP pour rencontrer le groupe en personne avant les spectacles, et ce n’est pas exactement la recette pour avoir l’air motivés avant tout par la noblesse de l’art. Peut-on reprocher à des musiciens, qui vivent bien humblement, d’utiliser des méthodes douteuses pour tirer profit de leurs belles années et nourrir leur famille? On peut, oui, mais si les musiciens en question arrivent encore à composer quelque chose de vital et d’inspiré, on fermera facilement les yeux sur leurs côtés les moins admirables.

Présenter du nouveau matériel est au moins un pas dans la direction de la respectabilité. Vista Chino, maintenant complété par le bassiste Mike Dean (ex-Corrosion Of Conformity) et le guitariste Bruno Fevery, offre donc un album qui est à la fois un début et une suite. Brant Bjork, qui avait composé une bonne part des chansons de Kyuss, notamment le classique Green Machine, n’a jamais arrêté de composer et d’enregistrer un rock soul qui sent le sous-sol de banlieue et le cendrier plein de mégots de joints. Il n’a jamais non plus caché s’être senti écrasé par Homme au sein de Kyuss. Il peut donc prendre ici ses aises et composer à son gré. Le problème est peut-être qu’il est maintenant trop à l’aise, et pas assez remis en question par un autre membre du groupe. Ça donne des compositions un peu molles et assez convenues qui rappellent plus un groupe de fumeux de pot influencés par Kyuss qu’un groupe d’ex-membres de Kyuss.

Bjork joue avec nettement moins de vigueur qu’à ses jeunes années, ce qui vient saper l’énergie de certaines chansons, surtout quand elles s’étirent en longueur. Dark And Lovely, par exemple, est bâtie sur une intéressante structure en cinq temps, mais à la cinquième minute, les musiciens semblent sur le pilote automatique. Le groupe est à son meilleur quand il reprend ses vieilles habitudes. La première partie de Planets 1 & 2 est une copie plus douce de Green Machine, et Barcelonian dégage une assurance relax et cool qui serait parfaitement à sa place sur les meilleurs albums solos de Bjork.

Quant à John Garcia, il chante probablement mieux que jamais dans sa carrière, mais semble en être trop conscient et pousse sa voix vers les aigus un peu trop souvent, même dans des passages où une voix puissante ne convient pas à la musique qui l’accompagne. Enfin, le guitariste Bruno Fevery fait un travail adéquat quoique sans grande personnalité, extrêmement inspiré par le jeu de Homme, comme on peut l’imaginer.

Vista Chino avait grand besoin de nouveau matériel pour justifier son existence maintenant qu’il ne peut plus s’épingler le nom Kyuss. Cet album suffit à prouver qu’il ne perd pas son temps, mais arrive seulement sporadiquement à nous convaincre qu’il ne nous fait pas perdre le nôtre.

Ma note : 5,5/10

Vista Chino
Peace
Napalm Records
49 minutes

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