Critiques

The Damned

Evil Spirits

  • Spinefarm Records
  • 2018
  • 43 minutes
7

Formé à Londres en 1976, premier groupe punk à avoir lancé un simple – le classique New RoseThe Damned roule sa bosse depuis plus de 40 ans, et ce, sans avoir pris beaucoup de pauses. Inlassablement, année après année, la formation menée par Dave Vanian (voix) et le légendaire Captain Sensible (guitare) continue à fédérer son public avec des prestations « live » de qualité. Lors de leur dernière visite à Montréal, j’y étais, et compte tenu de l’âge vénérable de ces indécrottables rockeurs, j’ai assisté à une solide prestation… qui s’est terminée avec les fesses à l’air de Sensible, celles-ci accompagnées d’un doigt d’honneur aussi jouissif qu’amusant.

The Damned est l’un des rares groupes punks de l’époque à avoir survécu et c’est grâce à cette capacité à se réinventer de disque en disque. Jamais je n’aurais cru avoir la chance de critiquer un nouvel album, en chair et en os, des Damned. Croyez-le ou non, le quintette est de retour avec un 11e album studio sous le bras, le premier depuis 2008 (So, Who’s Paranoid).

Réalisé par l’immortel Tony Visconti, l’homme derrière le vieux stock de Bowie, voilà l’avènement d’Evil Spirits; disque qui a profité d’une campagne de socio-financement avant de voir le jour. Captain Sensible voulait enregistrer un album comme à la bonne vieille époque, en recréant le son glam-punk des années 70. Avec Visconti derrière la console, les possibilités d’échecs furent amoindries considérablement.

Ceux qui s’attendaient à entendre le groupe rageur de l’album Damned Damned Damned (1977) seront déçus. Puisque ces gars-là avoisinent maintenant les soixante chandelles, ce serait idéaliste d’exiger de leur part un album purement punk. Cela dit, même si aux premières écoutes vous avez un peu de difficulté à déceler une direction artistique claire à ce Evil Spirits, lentement mais sûrement, vous vous laisserez séduire par les mélodies de Vanian et les arrangements sophistiqués de Visconti. Oui, The Damned nous refait le coup du « grower » !

La pop, le rock, la new wave, le glam et l’esthétique « goth » se mélangent sournoisement au point où vous en viendrez à la conclusion que le son des Damned est unique, tout simplement. Ce disque n’est pas parfait et peut parfois paraître un peu vieillot, mais cette désuétude est largement compensée par l’excellence des chansons et la véritable passion de jouer ensemble qui anime ce groupe :

This time could be the last time

Maybe the only time to get it

Standing on the Edge of Tomorrow

Quand Dave Vanian chante ces mots, on ne peut qu’être touché par l’enthousiasme démontré par ces vétérans.

Parmi les meilleurs moments ? L’ensoleillée We’re So Nice, la « punkabilly » Sonar Deceit, la mixture « chanteur de charme » et rock progressif entendue dans Look Left, l’influence de Nick Cave dans I Don’t Care ainsi que le rock rentre-dedans Daily Liar font partie des joyaux de ce nouvel album.

Même si les Pistols et les Clash ont monopolisé pendant longtemps l’attention des fans de punk rock – en tant que précurseurs de ce genre musical – il ne faudrait pas oublier l’immense apport créatif des Damned. Après autant d’années à sillonner les routes du monde, Dave Vanian et Captain Sensible méritent une reconnaissance plus accrue.

Un bon disque de vieux routiers !

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