Critiques

Superchunk

What a Time to Be Alive

  • Merge Records
  • 2018
  • 32 minutes
7,5

Everyone is acting normal, but no one’s sleeping through the night

– Break the Glass

Mac McCaughan est un parolier immensément lucide et parfaitement branché sur sa communauté…

Comme vous pouvez le constater, l’un des groupes indépendants américains parmi les plus importants est de retour avec un nouvel album sous le bras : What a Time to Be Alive. Un titre sarcastique comme je les aime !

Après avoir fait paraître, il y a près de cinq ans déjà, le fort potable I Hate Music, le quatuor power-pop-punk est de retour… et fringant, à part de ça ! Après l’élection du clown raciste et misogyne qui sert de chef d’État à nos voisins du Sud, les vétérans ont senti le besoin de prendre le crachoir. Après trente ans de carrière au compteur, Superchunk nous propose un brûlot politique jouissif, revisitant avec pertinence l’énergie qui prévalait lors de cette sale époque Reagan-Thatcher, et ce, sans tomber dans l’habituelle désuétude qui guette la majorité des doyens du rock.

Les quatre amis, ressentant l’urgence de la situation, s’unissent pour offrir un peu de résistance à ce rouleau compresseur de haine et d’inégalités qui écrase tout sur son passage depuis trop longtemps. Musicalement, Superchunk n’invente rien et demeure dans sa « zone », mais l’intérêt de ce disque réside plutôt dans le fait que ces « vieilles moppes » du rock américain auraient pu se la couler bien pépère en attendant que la merde passe dans le collimateur. Non, pas de ça chez MaCaughan et ses acolytes. Courageux et plus que respectable.

What a Time to Be Alive est l’un des albums parmi les plus rageurs, authentiques et puissants de la carrière de Superchunk. Preuve que le punk rock mélodique peut encore fédérer, s’il est exécuté avec une passion non feinte, la pédale au plancher. Bonus ? Superchunk invite quelques amis à se joindre à la contestation : Katie Crutchfield (Waxahatchee), Stephin Merritt (The Magnetic Fields) et le toujours mésestimé David Bazan.

Aucune chanson ne fait office de remplissage. Ça déménage du début à la fin. L’entrée en matière What a Time to Be Alive donne le coup d’envoi de manière retentissante. Impossible de résister au duo vocal de feu – mettant en vedette McCaughan et Mme Waxahatchee elle-même – intitulé Erasure. Dead Photographers sonne comme une bonne vieille pièce des Buzzcocks, incluant un je-ne-sais-quoi de Dinosaur Jr. I Got Cut fait « headbanger » sans bon sang. Reagan Youth rappelle aux jeunots que ce qui se déroule actuellement est un dérivé intensifié de l’atmosphère « conservatrice » qui sévissait dans les années 80.

Bref, pas de niaisage, What a Time to Be Alive mérite une saprée bonne main d’applaudissement. Un très bon disque de la part de ces vieux de la vieille.

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