Critiques

Kannon

  • Southern Lord
  • 2015
  • 33 minutes
6

Sunn O)))Si vous connaissez déjà un peu Sunn O))), le groupe drone metal de Stephen O’Malley et de Greg Anderson, vous savez grosso modo que le duo offre une musique minimaliste et répétitive, généralement réduite à une poignée de notes jouées sur deux guitares hyperdistorsionnées, le volume crinqué dans le tapis. La présence de rythmes, de voix ou d’autres sonorités est facultative. Le concept, qui était extrême et original aux débuts du groupe, pourrait aisément devenir prévisible, risquant à tout moment de faire de Sunn O))) le ZZ Top du métal conceptuel.

Bon, je commence cette critique de façon un peu sévère, je sais, mais Sunn O))) a sérieusement besoin d’éléments externes pour gagner de l’intérêt. Heureusement pour nos oreilles, le duo est très ouvert aux collaborations et travaille toujours avec des musiciens d’horizons divers. Même quand les résultats ne sont pas convaincants, l’attitude est sans contredit la bonne.

C’est peut-être ce qui explique que le groupe n’ait pas lancé d’albums sous l’unique nom de Sunn O))) depuis le varié Monoliths & Dimensions en 2009. Le groupe a une réputation avant-gardiste à protéger et ne veut certainement pas avoir l’air de tourner en rond. C’est cependant ce qu’il fait avec les trois pièces de Kannon. En partie parce qu’il colle à sa formule et réinvite des collaborateurs fréquents comme le chanteur Attila Csihar et les musiciens Oren Ambarchi et Steve Moore, mais surtout parce que les compositions elles-mêmes sont une récupération d’une ancienne idée. Sunn O))) avait été invité en 2007 à se sitedemo.cauire dans une cathédrale dans la ville très black metal de Bergen en Norvège. Le groupe avait composé expressément pour ce spectacle, et l’enregistrement live est devenu l’album intitulé Dømkirke en 2008. Une des faces de cet album était une pièce pour guitare et cuivres qui s’appelait Cannon. Et tiens donc!: le même enchaînement d’accords survient sur la deuxième piste de Kannon.

Kannon a donc tout l’air d’un remaniement et d’une extrapolation d’une idée d’il y a huit ans qui avait été assez bonne pour qu’on l’explore un peu plus. Rien dans la pochette ni dans le matériel qui accompagne l’album ne le dit explicitement, par contre. On parle en long et en large d’une composition inspirée d’une divinité bouddhiste ancienne qui avait la capacité d’entendre les gémissements du monde entier, et que les accords longuement répétés ici sont une forme de mantra qui exprime la souffrance humaine. Affubler ainsi Kannon d’une longue explication sur la réflexion qui a entouré sa création rappelle la pratique de certains artistes des 20 dernières années qui font passer pour de la création artistique la récupération d’objets trouvés.

Ces réflexions derrière la création ne la rendent pas meilleure, mais ça ne fait pas non plus de Kannon un mauvais album. C’est simplement un album de Sunn O))), adéquat, mais sans surprise. Et ça fait drôle de dire ça d’un groupe qui a été aussi influent.

Ma note: 6/10

Sunn O)))
Kannon
Southern Lord
33 minutes

http://sunn.southernlord.com/

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