Critiques

Ras G & the Afrikan Space Program

Stargate Music

  • Leaving
  • 2018
  • 31 minutes
6,5

Ras G c’est du hip-hop de stoner champ gauche, très champ gauche. Armé de son fidèle échantillonneur, le Roland SP-404, le beatmaker autodidacte de Los Angeles capte toutes les textures du quotidien pour en faire des rythmes étranges, lents. Son dernier opus, Stargate Music, amalgame des boucles dont l’atmosphère est parfois palpitante, parfois endormante.

Ras G produit du hip-hop qui traduit en rythmes actuels l’afrofuturisme, des rythmes en provenance directe du futur comme Flying Lotus, son camarade du label Brainfeeder. D’ailleurs, Heaven is Between Her Legs… (Initiate the Return) aurait très bien pu faire partie de l’opus Until the Quiet Come. Lotus et G bidouillent le jazz fusion. C’est une influence qu’ils partagent, mais qui amène dans des constellations radicalement différentes. Le « lotus volant » est le maître d’un cosmos déjanté complètement surréaliste, alors que le G utilise des sons primitifs pour se lancer dans l’espace.

Parmi tous ces astres musicaux, l’un d’eux est indispensable à la vie selon Ras G : le vagin. La Stargate c’est le vagin symbolisé comme le canal duquel la vie apparaît et auquel tous les humains veulent retourner. En digne petit-fils cosmique de Sun Ra, Ras G utilise les ondes musicales comme outil mystique.

Entrer dans la galaxie Stargate c’est suivre un rythme immémorial, éternel. Un trou noir musical dans lequel on est aspiré. Une descente fastidieuse accompagnée par un échantillon de guitare soul dans The Nector of Stargate (taste). Infinite Possibilities accélère la chute dans le néant en une spirale sonore où l’on entend des voix « cartoonesque », des oiseaux, des vagues et des clappements de mains s’entrechoquer. Perte de repères complète, on ne sait plus quand la boucle commence ou termine. Une boucle futuriste qui nous ramène à l’ADN du Hip-Hop : le loop. On se laisse bercer tranquillement, ou alors on est ennuyé rapidement.

Stargate Music est un voyage riche en diversité, mais inégal. Tout l’album est parsemé d’idées originales, mais elles finissent la plupart du temps sans qu’on ait l’impression que la pièce a vraiment décollée. Il y a bien The Arrival avec ses clappements saccadés agrémentés de vocalises jazz, ou Is It Lust or Love qui transforme une séquence de G-Funk en pulsion kaléidoscopique. Mais comme les costumes de dieux égyptiens extraterrestres de la série Stargate- SG1, on hésite entre « fascinant » et « brouillon » pour qualifier l’univers Stargate Music de Ras G.

 

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