Critiques

Political Ritual

Political Ritual

  • Ambiances Magnétiques
  • 2018
  • 42 minutes
7,5

Political Ritual est un projet formé des compositeurs montréalais Maxime Corbeil-Perron et Félix-Antoine Morin, deux co-fondateurs de l’étiquette Kohlenstoff Records. Le duo avait publié Oro Axe (2014) sur cette étiquette, une pièce de dix-neuf minutes de musique atmosphérique combinant drone et minimalisme, celle-ci performée en partie de façon improvisée. Ils sont de retour trois ans plus tard avec un premier album éponyme comportant deux nouvelles pièces d’une vingtaine de minutes chacune, en reprenant là où ils nous avaient laissés avec une partie improvisée et une production détaillée qui joue savamment avec le niveau d’abstraction des thèmes musicaux.

Cérémonie ouvre sur plusieurs itérations évoluant à différentes vitesses, créant une atmosphère brumeuse et inquiétante. Le passage s’intensifie, comme un tempo graisseux auquel se colle de la poussière de bruit. On sent un courant électrique servir de lien vers une ligne mélodique d’ordre cinématographique, pas bien loin d’un Blade Runner expérimental. La palette sonore s’éclaircit et se diffuse comme de la fumée d’encens qui remplit lentement la pièce. La mélodie est remplacée par un drone résonant comme un moteur d’avion, texturé ensuite par une itération comme une hélice qui déplace de l’air au ralenti. La résonance des percussions placée vers l’arrière dans le mix assure le déroulement de la scène, bien encadrée par des bruits électriques. La masse sonore se stabilise en prenant progressivement une forme post-rock, qui redouble en intensité avec la guitare électrique toute ne distorsion et réverbérée à point. Ça se termine abruptement en « gros noise sale ».

Projection cathodique commence de façon plus aérienne, avec des cordes perdues dans des conduits métalliques, des scintillements dissonants et du « field recording » de ruisseau placé en toile de fond. Le mouvement évolue tranquillement jusqu’à ce que les différentes couches ambiantes deviennent bien denses, s’évaporant à mi-chemin pour amincir la trame, le temps de respirer un peu, et poursuivre dans une forme drone. La masse sonore fait penser à une vièle à roue déconstruite, saturée jusqu’à ce qu’elle redescende dans les basses fréquences pour laisser résonner un dernier vrombissement.

Le premier album de Political Ritual confirme leur combinaison drone/minimaliste, mais au-delà des catégories, ce sont les éléments improvisés qui attirent davantage l’attention. Après plusieurs écoutes, on commence à décoder une partie des effets et traitements et à se rapprocher de la matière première, révélant progressivement le jeu du duo. Le contraste entre l’intention brute et la forme polie entretient très bien le niveau d’abstraction, ça donne envie de chercher une explication à l’expérience auditive, mais on finit par lâcher prise et on monte le volume.

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