Critiques

of Montreal

White Is Relic / Irrealis Mood

  • Polyvinyl Records
  • 2018
  • 42 minutes
7,5

Le groupe originaire d’Athens, Of Montreal, a été prolifique au cours des dernières années, avec des multiples EP et un album live, mais leur 15e et plus récent album studio, White Is Relic/Irrealis Mood est leur premier depuis Innocence Reaches, en 2016. Dans l’introduction qu’on trouve sur le site bandcamp, le parolier et principal compositeur du groupe, Kevin Barnes, écrit qu’il a voulu parler des réalités virtuelles et explique que l’écriture a été influencée par une nouvelle obsession pour la simulation virtuelle et sa nouvelle relation amoureuse. Cet amour est partout sur cet album, tant dans les aspects plus positifs que négatifs, avec des images mi-blagueuses, mi-sérieuses souvent présentes chez Barnes et ses références à des artistes connus. Dans l’album le plus connu du groupe, Hissing Fauna, Are You the Destroyer? (2007), c’était l’écrivain français George Bataille; ici, c’est l’artiste visuelle Sophie Calle qui est citée. Les réalités virtuelles, elles, sont en filigrane, mais plus évidentes dans des pièces comme Plateau Phase/No Career No Corruption, qui parle d’un monde angoissant où les gens sont dopés aux amphétamines, avec un gouvernement corrompu et d’un divertissement qui gèle les esprits.

D’un point de vue musical, la formation continue dans la lignée d’Innocence Reaches qui cassait avec le reste de l’œuvre d’Of Montreal. À partir de cet album, les instruments et arrangements plus organiques (avec guitares, clavier et batterie) ont cédé la place à un son plus « dance », qui se rapproche beaucoup de ce qui se faisait dans les années 1980. White Is Relic/Irrealis Mood pousse la démarche encore plus loin en multipliant les références aux années reines du synthétiseur, omniprésent ici. La chanson If You Talk to Symbol/Hostility Voyeur a une superbe ligne de claviers que ne renieraient pas Prince ou Eurythmics, par exemple. Ces propositions ont le temps de se déployer dans de longues pièces qui durent toutes plus que 5 minutes. Malgré tout, certaines d’entre elles sont assez linéaires même si, en temps normal, elles auraient dû avoir le temps de s’étoffer et d’amener l’auditeur ailleurs. Ce ne sont pas les arrangements électros qui surprennent plus que leur plus grande présence à laquelle le groupe ne nous avait pas habitués depuis quelques années.

Les mélodies restent accrocheuses dans plusieurs chansons. Soft Music/Juno Portraits of the Jovian Sky, la première de l’album, fait beaucoup penser, dans l’esprit, à l’ambiance d’un des albums phares d’of Montreal, Hissing Fauna, Are You the Destroyer?

On sent une volonté de Barnes de se renouveler ici. Il atteint son but en grande partie; les recherches dans le son sont plus évidentes et mieux réalisées que dans l’album précédent, mais il manque un peu de finition dans la production pour que sa démarche soit totalement aboutie. Somme toute, un retour réussi.