Critiques

Neil Young

Peace Trail

  • Reprise Records
  • 2016
  • 38 minutes
4

Disons-le clairement, les plus récents albums studio de Neil Young tournent sérieusement en rond et ennuient plus qu’autre chose. Que ce soit The Monsanto Years, Storytone, et autres, il n’y a rien là-dedans de très réjouissant à se mettre dans les oreilles. Et bien honnêtement, je préfère toujours le vétéran quand il est accompagné par ces salopards de Crazy Horse. Paru en 2012, Psychedelic Pills faisait le travail.

La semaine dernière, Young, accompagné du batteur Jim Keltner et du bassiste Paul Bushnell, nous proposait Peace Trail; un album majoritairement acoustique. Le barde y va de sa poutine politique habituelle tirant à bout portant sur les négationnistes du réchauffement climatique et ceux qui bafouent impunément les droits des Amérindiens en lien avec le projet d’oléoduc qui devait être érigé à Standing Rock, dans le Dakota du Sud.

Le père Young s’est donc installé pendant 4 jours dans le studio Shangri-La appartenant à Rick Rubin. Par contre, il a préféré confier la réalisation à son bon ami John Hanlon. Fidèle à son habitude, Young a écrit ses chansons à la va-vite et s’est empressé de les enregistrer pour demeurer dans l’air du temps (actualités obligent)… et ça paraît. Musicalement, malgré le propos virulent et pertinent, Peace Trail frise l’amateurisme. J’aime l’authenticité chez un songwriter, mais avec Young, la limite est dépassée. Notre homme n’a plus envie de «travailler» sa musique, de la «réaliser» et se soumet ainsi aux diktats de l’inspiration divine. Avec cette méthode paresseuse et hyperactive, il est bien difficile de concevoir des disques musicalement à la hauteur.

Je critique cette musique bancale et brinquebalante, mais je respecte le fait que Young combat obstinément le conservatisme, le racisme et le créationniste un peu nono qui croit dur comme fer que le réchauffement de la planète est une invention de la Chine pour détruire l’économie états-unienne. Le bonhomme n’a pas besoin de se faire «selfiser» sur les réseaux sociaux pour mettre en valeur sa contribution sociale. Non, Young part en tournée avec ses chums et débarque dans des villes que plusieurs de ses semblables millionnaires refuseraient de visiter. Pas assez glamour, je suppose.

Néanmoins, Peace Trail n’est pas un bon disque. C’est une création qui donne l’impression que Neil Young a perdu la «touch», ce je-ne-sais-quoi qui faisait de lui un artiste toujours fascinant à entendre. Pas beaucoup de chansons ont obtenu grâce à mes oreilles. Peut-être le petit penchant Crazy Horse de la chanson titre, Peace Trail, et les explosions d’harmonica dans Texas Rangers. C’est à peu près tout.

Alors? J’arrive à la conclusion que Neil Young devrait engager un réalisateur digne de ce nom, travailler ses chansons et faire un effort pour les rendre intéressantes. Sinon, point de salut en ce qui me concerne, car je considère que la qualité actuelle de sa musique vient grandement diluer le propos… propos dont on aurait franchement besoin d’entendre plus fort en ces temps plus qu’incertains.

Ma note: 4/10

Neil Young
Peace Trail
Reprise Records
38 minutes

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