Critiques

Neil Young & Crazy Horse

Psychedelic Pill

  • Reprise Records
  • 2012
  • 88 minutes
8
Le meilleur de lca

Neil Young & Crazy Horse avait fait paraître en juin dernier, un Americana qui avait reçu un tiède accueil de la part de votre humble serviteur. C’est que, voyez-vous, je souhaitais une parution ponctuée de nouveaux morceaux de la part du ténébreux Neil et de ses vieux potes délabrés. Mon souhait s’est exaucé cette semaine avec la sortie de Psychedelic Pill; le premier album de compositions neuves depuis l’opéra-rock Greendale paru en 2003. Young et ses salopards présentent leur plus longue création en carrière; près de quatre-vingt-dix minutes de rock brinquebalant, assorti de guitares crasseuses et de mélodies hippies opérantes… et long ne signifie pas obligatoirement interminable!

Psychedelic Pill est formé de trois pièces fleuves dont les durées respectives sont de vingt-huit, dix-sept, et seize minutes respectivement. Et vous savez quoi? En aucun temps, Neil Young et son Crazy Horse m’ont ennuyé! Bien au contraire, et ce, même si l’exécution est boiteuse, les chansons, linéaires, et les mélodies, peu inventives, cette création possède un charme ensorcelant, quasi hypnotique. Le bon Neil nous refait le coup une énième fois avec ce je-ne-sais-quoi de rock bohème, spontané, qui carbure à l’émotion brute.

La particularité de cette offrande (et de l’œuvre de Young avec Crazy Horse plus particulièrement), c’est qu’on ne sait jamais si on a affaire à une œuvre transcendante et brillante, ou plutôt à un train cahotant, sur le point de dérailler… et c’est curieusement ce qui constitue le charme intrinsèque de ce Psychedelic Pill. Merveilleusement imparfait et interprété par le plus parfait des mauvais groupes, cette création qui n’a subi aucune retouche sonore, met en vedette les éblouissants jams de guitares malpropres et imprécis; des gracieusetés de Neil Young et Frank Sampedro.

Aucune ritournelle moribonde! Que ce soit les solos parfois dissonants que s’échangent les deux guitaristes dans Driftin’ Back, une Psychedelic Pill passée au filtre d’un flanger, la touchante, mélancolique et sombre intitulée Ramada Inn, les country-rock jubilatoires titrés Born In Ontario et Twisted Road; juste du solide! Ça se poursuit avec la salopée She’s Always Dancing, la ballade amalgamant chœurs poignants, piano et claviers nommée For The Love Of Man et Walk Like A Giant, qui se conclut dans un vacarme sonore et un martèlement minimaliste digne du meilleur de Young et son cheval fou!

Psychedelic Pill est une élaboration sonore d’une authenticité qui fait plaisir à entendre, qui se veut minimaliste, rêche, d’une propreté douteuse, qui ne réinvente absolument rien, mais qui trouve encore (avec surprise) toute sa pertinence dans ce paysage musical parfois un peu trop cérébral. Certains trouveront ce disque ringard et dépassé. Pour ma part, cette galette se veut un testament musical d’une véridicité absolue, mené de main de maître par l’un des plus grands songwriters de l’histoire du rock et joué de manière maladroite mais franche. Oubliez tout de suite le fade amuse-gueule que constituait Americana et mordez à pleines dents dans le succulent plat de résistance titré Psychedelic Pill! C’est ce que Neil Young & Crazy Horse ont su concocter de mieux depuis Sleeps With Angels paru en 1994.

Ma note : 8/10

Psychedelic Pill
Neil Young & Crazy Horse
Reprise Records
88 minutes

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