Critiques

Muse

Drones

  • Warner Bros. Records
  • 2015
  • 52 minutes
3

MusePuisqu’il le faut… Vendredi dernier les Britanniques Muse lançaient leur septième album studio titré Drones. Réalisé par Robert «Mutt» Lange (l’homme derrière les albums lisses d’AC/DC destinés au divertissement familial) ce Drones raconte l’histoire d’un personnage qui cherche à s’émanciper d’un monde cruel et sans pitié qui lui a appris à tuer sans état d’âme. Ouf! Le gros concept dégoulinant de prétention… Comme vous pouvez le constater, tous les ingrédients sont présents pour un navet de grande classe.

Et c’est exactement ce à quoi nous avons droit! Un imbuvable album de rock d’amphithéâtre gonflé à l’hélium, doublé d’un maniérisme intellectuel inutile, assombri par des choix sonores douteux (la sempiternelle influence de Queen!) qui accentue la lente agonie du rock. Bien franchement, ce genre musical n’avait pas besoin d’une autre ineptie de Muse! On avait détesté le précédent effort The 2nd Law parce que Muse se prenait pour U2 (imaginez!) alors que cette fois-ci, le groupe, mené par Matt Bellamy, tente tant bien que mal de se refaire une personnalité propre à lui… c’est peine perdue, le trio est fini créativement parlant.

Il y a bien, çà et là, quelques riffs intéressants. On pense entre autres à la lourdeur quasi métal qui conclut Reapers ainsi que le motif guitaristique situé à mi-parcours de Aftermath, mais sans blague, le disque, dans son profil rock, se résume à peu près à ça… et c’est trop peu pour une formation qui, sans nous faire complètement triper, tant s’en faut, réussissait à nous divertir intelligemment. Bien entendu, la réalisation lustrée de l’ex-époux de Shania Twain nuit grandement à l’explosivité des chansons de Muse. Il y en a quelques-uns parmi vous qui vont nous détester, mais ce Drones est carrément une nuisance sonore au même titre qu’un discours de remerciement de Luc Plamondon!

Allons-y de quelques exemples! En premier lieu, il y a la chanson Mercy qui évoque la bande à Bono en plus vitaminée… mais c’est aussi racoleur et «hommes d’affaires» que la majorité des dernières créations des Irlandais. Même si Reapers se conclut avec un bon riff qui déménage, l’introduction elle, fait référence au jeu de guitare grandiloquent d’Eddie Van Halen et le refrain frise le crétinisme mélodique. Dans The Globalist, le triumvirat nous propose une entrée en matière sifflante qui est une référence à peine subtile aux trames sonores des westerns-spaghettis de Sergio Leone… et on déteste la courte harmonie vocale dans Defector remémorant le groupe le plus surévalué de l’histoire du rock: Queen! Et que dire de Revolt? OK, on s’arrête!

On assiste donc à un cinquante-deux minutes de perte de temps durant laquelle la forme prend largement le dessus sur la pertinence, l’éloquence et l’intelligence. Il y a des artistes qui parfois peuvent rater leur coup pour des raisons tout à fait respectables, mais malheureusement Muse fait partie de ceux pour qui votre humble scribe est sans pitié. Tout chez eux respire la boursouflure et le pédantisme. Ce groupe est totalement égaré dans les méandres de la séduction du dénominateur commun, étouffé par l’irrépressible désir de devenir la plus grosse machine rock du monde entier… ça donne des disques complètement emmerdants!

Bref, notre relation fielleuse avec Muse est loin de s’arranger et on doute fort qu’un seul collaborateur à LCA daigne se manifester pour rédiger une critique en lien avec la parution de leur prochaine aberration. Évidemment, puisqu’il faut parfois faire d’énormes sacrifices, on sera probablement l’homme désigné, encore une fois, pour présenter leur offrande subséquente. Bien franchement, il n’y a plus rien à tirer de Muse qui est devenu un vulgaire pastiche de tout ce qui se fait de pire en matière de rock. Le rock se meurt, on n’avait pas besoin d’un nouveau disque de Muse pour l’achever!

Ma note: 3/10

Muse
Drones
Warner Brothers
52 minutes

http://muse.mu

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