Critiques

Loud Lary Ajust

Blue Volvo

  • Audiogram
  • 2014
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

a2835823164_10Ça fait un bon deux ans que le trio Loud Lary Ajust fait parler de lui dans le milieu musical québécois. Les rappeurs ont fait leur chemin, multipliant les concerts, partageant la scène avec des artistes établis tels que Radio Radio. Le triumvirat a tellement fait jaser de lui qu’Audiogram a sérieusement tendu l’oreille. Le dernier groupe de rappeurs à signer avec le label était Loco Locass

Avec Gullywood, on avait entendu la parole franche de Loud et Lary qui mélangeaient les références provenant autant de la culture «keb» que celle qui faisait rage au sud de la belle province. Ça ne change pas sur Blue Volvo; les lignes d’Hôtel Hell faisant sourire au passage: «Spending Audiogram’s money/Screaming LLA/Seulement Daniel Bélanger pourrait relater».

Et cette tradition typiquement américaine de «name dropping» n’est pas la seule chose que le trio emprunte aux voisins du sud. Classé dans la nouvelle vague de rap keb en compagnie d’Alaclair Ensemble, Dead Obies et Kaytradana, on voit Ajust piger dans les nouvelles vagues américaines pour monter ses rythmes riches et originaux. À l’affût des tendances, Ajust est beaucoup plus pop sur Blue Volvo et ça rappelle parfois ce qu’on entend chez Drake. XOXO, deuxième extrait paru, constitue un excellent exemple.

Les thèmes flottent encore dans les mêmes eaux que sur Gullywood alors que Loud et Lary rappent à propos de partys arrosés/poudrés (où l’argent semble tomber du ciel), de filles baisées à droite et à gauche et également de mode. Ce n’est pas sans rappeler A$AP Rocky, ce New-Yorkais qui a le vent dans les voiles. Si au premier abord, les deux garçons sonnent comme deux coquilles vides, rapidement on voit poindre le contraire.

Oui, la fête c’est bien, mais à travers tout ça, le trio laisse entrevoir que c’est lassant et que lorsque survient la mi-vingtaine, les préoccupations changent. Représentants d’une jeunesse constamment sous le joug de l’austérité, où les aspirations ne sont plus les mêmes, où l’avenir est plus qu’incertain, alors que la trentaine arrive à grands pas, les questionnements pullulent dans Rien ne va plus. Sur Van Gogh, on y va d’un: «It’s all about the money yeah, fair enough/C’est quoi le bohneur, tu peux faire une offre/(and I got to say) I guess que je suis presqu’heureux».

14 AM est le climax de ces questionnements qui se frictionnent et s’entrechoquent sur une trame sombre. Cette question qui tue lorsque le quart de siècle cogne à la porte: qu’est-ce que j’ai fait jusqu’à maintenant qui demeurera immortel une fois la mort arrivée?

Si on peut reprocher une chose au trio, c’est que parfois le contenant prend le dessus sur le contenu et malgré des rimes bien tournées et un bon beat, l’essence semble un peu faible ou peut-être anodine. Ce n’est pas constant et la redondance des mêmes thèmes en première partie d’album (voir l’argent et la perdition) est traitée un peu superficiellement. Ça manque un peu de viande.

Deuxième album réussi pour Loud Lary Ajust et une première salve pertinente dans la cour des grands. Le trio nous offre plusieurs pièces fortes sur Blue Volvo et lance un des albums de rap les plus marquants de 2014. Avec ces trois garçons, Alaclair Ensemble, Eman x Vlooper et The Celestics (albums parus cette année), on sent que cette vague est en train de se transformer en tsunami qui risque de tout emporter avec lui. Si dans le passé, on rougissait à regarder au sud de Lacolle, aujourd’hui le rap keb peut se tenir bien droit devant l’empire.

Ma note: 8/10

Loud Lary Ajust
Blue Volvo
Audiogram
42 minutes

www.loudlaryajust.com/

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=iEA_ZZa07jQ#t=237[/youtube]

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