Critiques

Liars

Mess

  • Mute Records
  • 2014
  • 55 minutes
5

140113-liars-mess-album-coverOn redit toujours la même chose: le groupe Liars est imprévisible. J’ai même commencé ma critique de son album WIXIW en 2012 en écrivant que le changement était une de ses rares constantes. Son autre grande constante, c’était qu’il livre toujours quelque chose de fascinant ou à tout le moins d’intéressant. Les choses continuent de changer pour Liars, de deux façons plutôt qu’une. Primo, Mess s’en tient à la musique dansante purement électronique. Secundo, Liars offre son premier album médiocre.

Le virage du trio vers l’électronique était déjà clair avec WIXIW, et si on m’avait dit alors que l’album suivant serait une extrapolation de la pièce Brats, j’aurais probablement été content de l’entendre. En pratique cependant, ce n’est pas concluant. Peut-être que la réalisation de Daniel Miller est ce qui avait fait de WIXIW un album supérieur à Mess. Miller connaît l’électronique comme le fond de sa poche et avait agi à titre de gourou pour aider le groupe à éviter les sons trop évidents. Cette fois-ci, le chanteur Angus Andrew a agi à titre de réalisateur. Le groupe annonce s’être moins torturé à parfaire ses sonorités et avoir simplement voulu s’amuser. Je constate que je préfère Liars quand ils se torturent.

On devine que Liars souhaitait s’abandonner aux aspects les plus physiques et basiques de la musique électronique, mais avec une approche dilettante. Faire de l’outsider trance, si on veut. Par le passé, Liars a réussi à utiliser des éléments bêtes et simplistes et à les assembler de façon astucieuse et novatrice, mais la première moitié de Mess enchaîne les moments malhabiles. Des passages qui se veulent entraînants et mordants ont des relents de pâles imitateurs de Nine Inch Nails de la fin des années 90, dans le genre des rockeurs techno sans subtilité comme Econoline Crush et Rob Zombie, grosses guitares en moins.

Les choses s’améliorent dans la deuxième moitié de l’album avec une plus grande finesse dans les ambiances et des arrangements moins chargés, mais même là, les mélodies d’Angus Andrew ne font que rappeler ce qui était mémorable de WIXIW. Avec ses six albums précédents, Liars n’avait encore jamais ressassé ses vieilles idées. Ça ne pouvait pas durer éternellement.

En somme, Liars s’est donné le défi de créer quelque chose de simple sans se remettre en question, et n’arrive pas à faire mieux qu’avec le premier extrait de l’album, Mess On A Mission, qui est assez réussi si on ne s’attend à rien de stupéfiant. La pièce Perpetual Village mérite quelques points aussi, mais ses neuf minutes auraient facilement pu être réduites d’un tiers. Avec ses redites, ses cafouillages et ses sonorités rarement intrigantes empilées sur des rythmes qui ne leur font pas de place, Mess porte très bien son nom.

Ma note : 5/10

Liars
Mess
Mute Records
55 minutes

www.liarsliarsliars.com/

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