Critiques

Thierry Bruyère

Le sommeil en continu

  • Indépendant
  • 2012
  • 42 minutes
6

Le premier opus du jeune chanteur Thierry Bruyère n’est pas parfait. Pourtant, l’ambiance «à la Indochine» qui se dégage des douze compositions du disque Le Sommeil En Continu, les textes aigres-doux aux touches sociales, de même que la qualité de la réalisation donnent à penser qu’il faudra suivre d’une oreille attentive le parcours de celui qui participe cette année aux Francouvertes.

C’est surtout au contact auditif de la chanson Cette ville qui vieillit que l’on oublie les erreurs commises par le jeune auteur-compositeur. À notre humble avis, il s’agit de l’une des meilleures chansons sorties en 2011. Tant du côté du texte très urbain («Les couleurs de Côte-des-Neiges / L’oratoire seul dans son coin / Les retards sur la Main / Les bancs vides au parc Lafontaine / Les balcons sur De Lorimier / La détresse sur Ontario / J’ai en tête un poème / Que j’ai lu sur un mur / À la sortie du métro / À propos d’un cœur usé / Qu’on piétine comme un dessein / Inachevé»), que de la mélodie toute en douceur – piano et distorsion d’une guitare lointaine –, cette composition se veut la conclusion parfaite à ce premier disque. Franchement réussie. Et cette réussite on la doit évidemment à Thierry Bruyère lui-même, mais aussi à son réalisateur, Jean-Philippe Fréchette, mieux connu sous le pseudonyme alimentaire Navet Confit.

Le bidouillage du multi-instrumentaliste fait effet pas seulement sur la dernière chanson, mais aussi sur tout l’album. On y perçoit sa présence dans les moindres recoins. Dans la distorsion de la guitare, oui, mais aussi dans les bruits bizarroïdes, de même que dans les changements de tempo et les amorces. Navet Confit permet aux compositions plus rock de Thierry Bruyère de s’empoussiérer, de se coller davantage à ses textes citadins, de donner une image plus claire au diaporama de Montréal que nous offre le chanteur.

C’est cependant les chansons plus simples dans la structure et les arrangements que l’on garde en tête après l’écoute de Le Sommeil En Continu. Évidemment, Cette ville qui vieillit, mais aussi L’altruiste, La lanterne et Revoilà l’hiver, où la voix fragile et cassée de Bruyère prend l’avant-scène. Après les fleurs, voici le pot : la chanson Simone et Chartrand ressemble à une comptine de Passe-Partout. On a essayé, mais à chacune des écoutes de l’album, nous avons fait une avance rapide jusqu’à la prochaine chanson.

Ma note : 6/10

Thierry Bruyère
Le Sommeil En Continu
Indépendant
42 minutes

thierrybruyere.com

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