Critiques

Justice

Woman

  • Because Music
  • 2016
  • 54 minutes
7,5

Justice5 ans après la sortie du plus posé Audio, Video, Disco, le duo électro français Justice revenait récemment avec un nouvel album intitulé Woman. Gaspard Augé et Xavier de Rosnay sont manifestement les descendants directs de Daft Punk et de Chemical Brothers. Proposant un alliage rassembleur de disco, de funk et de rock, c’est en spectacle que la musique de Justice prend tout son sens. La mise en scène digne d’un concert rock plus grand que nature rend le public complètement gaga. Pour les avoir vus à l’édition 2012 d’Osheaga, je confirme. Une des très bonnes prestations présentées dans le cadre de ce festival rassembleur.

Musicalement, l’électro de Justice n’est vraiment pas ma tasse de thé, mais je suis forcé d’admettre que la formule séduit le plus grand nombre. Et le procédé fonctionne à nouveau sur cette nouvelle parution. Cette fois-ci, Justice délaisse les quelques gros riffs rock qui nous faisaient balancer frénétiquement la tête. Sur ce nouvel album, la plupart des pièces sont axées sur d’imparables grooves de basse et les échantillons de guitares sont résolument funk. Des liens de filiation avec ce que crée Daft Punk sont bien sûr à faire, mais le penchant «big beat» de Justice prend souvent le dessus. On se laisse ainsi prendre par ces rythmes complètement évidents, mais ô combien enivrants!

Justice retourne donc aux «proverbiales sources» (clin d’œil à JS Fabien!), retrouvant ses airs juvéniles. Woman est un disque qui ne se prend pas la tête et qui s’écoute le volume dans le tapis. Ce n’est d’aucune subtilité, mais c’est franchement salvateur en cette période post-électorale américaine des plus incertaines. Bref, c’est percutant, ça va droit au but et c’est d’une efficacité qui fait peur.

Parmi les morceaux prisés, j’ai adoré l’entrée en matière Safe And Sound qui mélange habilement le funk, les chœurs ensoleillés et une ligne de basse magnifiquement salopée. Ça donne parfaitement le coup d’envoi à ce disque. Et ça ne dérougit aucunement durant les trames subséquentes titrées respectivement Pleasure, Alakazam! et Fire. Le refrain parfaitement pop de Stop est resté scotché pendant une bonne semaine dans ma mémoire.

Dans la catégorie «originalité», Chorus représente la bébitte un peu plus champ gauche de l’album. La structure labyrinthique de cette pièce ainsi que les sonorités, un brin «John Carpenter» combinées aux éruptions volcaniques/synthétiques, font de ce morceau une totale réussite. Le rythme électrisant de Randy est irrésistible et Woman se conclut avec deux pièces qui font baisser d’un cran le niveau d’adrénaline: les mélancoliques Love S.O.S et Close Call.

Sans réinventer quoi que ce soit, en faisant preuve d’un peu d’audace (à certains moments, on s’entend) et en se concentrant exclusivement sur l’inclinaison jubilatoire de leur musique, Justice fait son travail à la perfection. Même si ce plaisir d’écoute se veut bien éphémère et, disons-le, superficiel, on se sent revitaliser après l’audition de ce Woman. Bon disque.

Ma note: 7,5/10

Justice
Woman
Because Music
54 minutes

http://justiceelectro.com/