Critiques

Galaxie

Super Lynx Deluxe

  • Lazy At Work
  • 2018
  • 30 minutes
6

Galaxie débarque ce mois-ci avec son cinquième album, son troisième de rock laser dansant. Mais si Super Lynx Deluxe sonne comme une tonne de brique, il n’amène pourtant rien de neuf à la recette de Galaxie qui commençait déjà à goûter le prémâché en 2015 sur le passable Zulu.

C’est que voyez-vous, une grosse production avec les « usual suspects » Langevin et Girard, de l’électro pesant signé François Lafontaine et une exécution sans faille ne parviennent pas à sauver des chansons ordinaires et des textes insipides qui, de surcroît, semblent avoir été composés à même le matériel des deux précédents albums de la bande.

Déjà, cinq secondes après le début de la pièce titre, on entend Langevin s’époumoner : « Donne-moi du zulu» et on se dit : « Bon, y’en ai pas revenu encore de cette phrase qu’il a utilisée pour toute la promotion du dernier disque ». Et malheureusement, ça continue à se gâter.

Autre sentiment de déjà vu : dès le premier refrain de la première chanson, Super Lynx Deluxe, Langevin reprend une formule que l’on a retrouvée sur Tigre et Diesel et sur Zulu lorsqu’il tente de décrire comment il se sent à se « saouler à l’utopie » : il est encore proverbialement « entre la lumière et le bruit ». C’est à se demander ce qu’il a trouvé le bon Olivier à cet endroit spécifique.

Mais si ce n’était que de cet emprunt ! Tout l’album, comme Zulu d’ailleurs, semble avoir été composé en pigeant des mots de deux ou trois champs lexicaux et en les assemblant. Ainsi, on reconnaît les formules « traverser le temps, le vide sidéral », « en symbiose avec les éléments », « j’ai pris des shots avec Judas », « je bois de la nitroglycérine, mes mains sont électriques », « une pluie d’héroïne d’amour technicolor », « elle illumine la main » ou encore « j’ai mis mes flying shoes, je touche le firmament ».

Je veux bien croire que Langevin remercie l’accélérateur de particules du CERN dans les crédits de l’album, mais faudrait qu’il revienne sur terre un peu, ne serait-ce que pour constater qu’il compose la même toune depuis trois albums.

Et, je dis ça comme ça, mais quand un internaute programme sur le coin d’une table un générateur de paroles de ton groupe et qu’étonnamment, ça ressemble quand même pas mal à ta plume, il me semble que c’est là un indice qu’il est temps de varier.

Mélodiquement aussi, on a plein de flashs de déjà vu. MDMA est une version sur la MDMA de Shanghai entendu sur Tigre et Diesel tandis que les pièces comme Phénoménal, Magie Magie ou Super Lynx Deluxe abusent des mêmes procédés vocaux de Langevin. Une preuve supplémentaire qu’il est bien meilleur guitariste que chanteur.

Parlant de guitare justement, on en entend à peine sur cet album. Oui, la basse est omniprésente, chaude et pesante et la batterie reprend son trône dans le mix, elle qui était un peu diffuse sur Zulu, mais pourquoi faire « bencher » votre joueur étoile ? On comprend que Langevin et sa bande souhaitent expérimenter de nouveaux sons, mais il me semble ici que c’est plutôt de la poudre aux yeux.

Pis pour vrai, des échantillonnages à la Beastie Boys et du « scratching » dans des chansons de Galaxie… Pourquoi ? Juste pourquoi!

Bref, Super Lynx Deluxe est à mon avis l’endroit le plus loin où Galaxie devrait aller « entre la lumière et le bruit » et je souhaite que soit rapidement clôt ce triptyque d’albums de « dancefloor maléfique ».

En attendant, on laisse Langevin à ses tomates bio et à ses popsicles trois couleurs faire son rock de Belle et Bum galactique.

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