Critiques

Daniel Lanois

Daniel Lanois – Goodbye To Language

  • Anti- Records
  • 2016
  • 37 minutes
8
Le meilleur de lca

Daniel LanoisLe compositeur et sitedemo.caucteur québécois Daniel Lanois fait partie d’un groupe sélect de maîtres de la sitedemo.cauction musicale, du type qui a aménagé son premier studio à 17 ans avec son frère Bob dans le sous-sol chez sa mère. C’est à partir de sa collaboration avec Brian Eno que sa notoriété a pris un virage international en sitedemo.cauisant des albums de U2, Peter Gabriel, Bob Dylan et plusieurs autres artistes de la même envergure. Après l’excellent Flesh And Machine publié en 2014, Lanois, le compositeur, est revenu cet été avec son nouvel album folk rock Goodbye To Language. Accompagné de son complice Rocco Deluca à la lap steel, Lanois interprète ses pièces sur la pedal steel guitar, son église dans une valise, pour nous offrir un mélange d’ambient et de folk rock enveloppé dans une sitedemo.cauction légèrement électro.

Low Sudden met immédiatement en place une masse harmonique ambiante qui semble flotter tellement les débuts et fins de note sont fondus entre elles. Une mélodie réussit tout de même à s’en défaire, loin au-dessus du ronronnement dans les basses. Time On conserve sa part de délai et de réverbération, mais raccourcit un peu les notes pour offrir un phrasé plus rythmé; saccadé par des effets de montage. Falling Stanley mélange habilement les notes fondues avec les notes pincées, et ouvre davantage le panoramique en jouant sur la spatialisation. Deconstruction reprend les effets de montage et utilise des passages «distorsionnés», manipulés en boucle comme toile de fond à un solo hard rock trafiqué.

Satie se déploie toute en beauté sur une suite d’accords descendants, formée d’harmonies enveloppées dans des effets de délai; première pièce dont la saveur country ressort davantage. Three Hills apporte une suite à Time On par sa tonalité et son montage, certains moments semblent même avoir été utilisés dans les deux pièces. Heavy Sun change complètement l’approche en créant une atmosphère rétrofuturiste dont la boucle électronique est dissimulée sous les échantillons de notes de guitare, c’est magnifique. La brève The Cave revient à un phrasé légèrement rythmé et se développe en forme d’interlude.

East Side fait miroir à The Cave en passant en mode mélancolique, et profite d’un peu plus de temps pour se développer. Later That Night fait ponctuer les plages harmoniques avec les passages de slide guitar, accentué par le montage expérimental. Suspended commence en forme de grosse note échantillonnée et se déroule comme un film vintage qui dissone un peu. Blue Diamond retrouve la tonalité de Low Sudden et l’alimente comme un feu sacré jusqu’au dernier accord.

Goodbye To Language invite l’oreille à explorer la musique sans trop s’attarder à un passage en particulier, au point où on ne sait pas toujours à quelle pièce le disque est rendu. L’échantillonnage de certaines mesures et le montage expérimental qui s’ensuit font leur effet, mais on remarque davantage le jeu de pédale sur les cordes de guitare; ça suspend tout jusqu’à ce que les repères temporels soient embrouillés. L’atmosphère globale nous transporte quelque part entre un hamac suspendu au-dessus d’une plage hawaïenne et une improvisation entre vieux amis dans un bar country. Ça vient du cœur et de l’âme, deux sources musicales qui n’ont effectivement pas besoin de langage.

MA NOTE: 8/10

Daniel Lanois
Goodbye to Language
Anti-
37 minutes

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