Critiques

The Rural Alberta Advantage

The Wild

  • Paper Bag Records
  • 2017
  • 33 minutes
6,5

Originaire de Toronto, The Rural Alberta Advantage a, à mon avis, été dans les dernières années un assez bon ambassadeur du son indie rock canadien sur plusieurs plans. Depuis le lancement de leur premier EP en 2006 à leur nomination aux Polaris en 2011 pour l’album Departing, le trio a su conserver une personnalité qui lui est propre et en même temps assez universelle, comme bien des artistes de chez Paper Bag Records. Le départ d’Amy Cole en 2016 et son remplacement par Robin Hatch aura toutefois laissé planer des doutes sur l’adaptation du band et la direction que sa signature sonore si caractéristique allait prendre.

Ce qui a toujours principalement marqué chez le Rural Alberta Advantage, c’est l’intimité et l’émotion brute qui ressort de chacune des chansons. Si The Wild se démarque par un effort d’arrangements et d’enrobage plus important que ses prédécesseurs, ce constat n’en reste pas moins vrai. On ressent un peu le même sentiment de sublime à l’écoute des chansons du groupe qu’en se retrouvant seul devant certains miracles de la nature. Le tout demande une certaine introspection face à une émotion qui ne se partage que difficilement même si elle nous enrobe totalement.

Mais ce n’est pas tout d’être beau. Si le cœur est gagné facilement par la parution, qu’en est-il de la tête? Objectivement, ce n’est pas le meilleur album de la formation canadienne. Le son de l’indie-rock s’est fortement modifié et réactualisé dans les dernières années, après un virage très pop vers 2010. Malheureusement, The Rural Alberta Advantage n’a pas vraiment réussi à surfer sur la vague et on sent encore des relents un peu vieillots sur certaines chansons. Si les Lumineers et les Mumford & Sons de ce monde ont connu des beaux jours, il faut avouer qu’ils sont aujourd’hui loin de leurs popularités des dernières années. Et on sent pourtant le son « folk » popifié et rassembleur de ces groupes dans la nouvelle parution des Canadiens. C’est particulièrement frappant sur Brother. On le constate au fur et à mesure que le côté alternatif qui buchait, qu’on retrouvait sur l’excellent Mended With Gold, s’éloigne, au cœur de la sortie. Ici, quelques pièces restent tapageuses, dont la très forte Beacon Hill, qui ouvre l’album, ou Wild Grin, mais on laisse maintenant une plus grande place à des sonorités un peu plus country en milieu d’album. Est-ce une mauvaise chose? Pas nécessairement. Mais le côté plus aérien fait peut-être ressortir un peu plus les défauts de l’opus. Après un départ rapide, tout en puissance, on se surprend à chercher un peu de substance entre deux ballades. Un hit qui ressortirait du lot pour réellement nous accrocher, sans toutefois en trouver à tout coup.

Reste que l’album est ponctué de bons moments. Pensons ici aux chansons Selfish Dream ou Letting Go, à la force des harmonies vocales de Nils Edeloff et Robin Hatch ou à la réalisation aérée et subtile. Mais au final, avec un album qui se veut aussi fort que The Wild, il faut avouer que l’on parle plus au cœur qu’à la tête. Sans doute que cette parution réussira quand même à élargir la base de fans du groupe et que les chansons ressortiront très bien en concert, je n’ai aucun doute de ce côté-là. Mais je reste tout de même un peu sur ma faim après quelques écoutes.

Ma note: 6,5/10

The Rural Alberta Advantage
The Wild
Paper Bag Records
33 minutes

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