Critiques

Temples

Volcano

  • Fat Possum Records
  • 2017
  • 49 minutes
7,5

Dans la vie comme au hockey, la guigne du deuxième album est un mal qui guette beaucoup de jeunes groupes (et de jeunes recrues…) Après avoir fait figure de révélation de l’année en 2014 avec son premier album Sun Structures, un bijou de psych-rock, les attentes étaient très élevées pour le groupe britannique Temples et son disque Volcano. Mais la formation peut dire : mission accomplie!

Rendons d’abord à César ce qui revient à César : la bande menée par le chanteur et guitariste James Bagshaw n’aurait sans doute jamais remporté un tel succès si elle n’avait pas été précédée de Tame Impala, qui a ouvert la porte pour tous ces groupes de la vague néo-psychédélique. La recette de l’album Sun Structures n’avait d’ailleurs rien de particulièrement original, combinant des influences des Beatles, des Byrds et un son typique des années 60, mais c’était drôlement efficace. Tellement que l’album a déjoué les pronostics pour se retrouver dans le top 10 britannique.

Hasard ou pas, un peu comme Tame Impala a réussi à se renouveler en proposant un virage soul-disco sur son troisième album Currents, c’est en plongeant à fond dans la synth-pop que Temples parvient à éviter le piège de la répétition sur son second disque. Le premier extrait Certainty nous avait d’ailleurs laissé dubitatifs l’automne dernier, avec son parti pris assumé pour les sonorités luxuriantes de claviers au détriment des guitares, mais nul ne pouvait nier le caractère accrocheur de la mélodie. D’allure simpliste de prime abord, la chanson se laissait toutefois découvrir au fil des écoutes, et ce même sentiment prévaut pour l’ensemble de l’album.

Bien sûr, il s’en trouvera pour déplorer l’aspect un peu naïf de ce deuxième disque, qui n’atteint pas l’intensité dramatique de son prédécesseur. Mais de toute évidence, Bagshaw et ses copains ont fait le pari de la simplicité mélodique, préconisant l’accroche et le ver d’oreille au détriment d’un rock psychédélique plus cérébral. Et en faisant ceci, ils se sont affranchis de leurs influences pour développer un son plus distinctif. C’est parfois enfantin, mais en même temps d’un surréalisme inquiétant, comme un périple à Walt Disney qui aurait tourné au cauchemar…

Tout cela donne des titres comme Mystery of Pop, un petit chef-d’œuvre qui pourrait très bien figurer dans l’univers cinématographique de Wes Anderson, avec sa mélodie en contrepoint à la Jean-Sébastien Bach. Quant à All Join In, on n’a aucune difficulté à l’imaginer dans un film de science-fiction. Si les synthétiseurs occupent une bonne partie de l’espace sonore (trop, parfois), Temples parvient à insérer quelques touches orchestrales qui confèrent une plus grande profondeur à certaines chansons, comme sur (I Wanna Be Your) Mirror et son irrésistible ligne de clavecin.

Contrairement à Sun Structures, où chaque morceau sonnait pratiquement comme un classique instantané, Volcano compte quelques maillons plus faibles. Ainsi, on passe rapidement par-dessus des titres comme How Would You Like to Go et Celebration, tandis que Roman God-Like Man agace un peu avec ses clins d’œil aux Kinks et à Pink Floyd (cette mélodie calquée sur celle de la pièce Grantchester Meadows, sur Ummagumma…) Mais dans l’ensemble, Volcano permet à Temples de confirmer son statut de groupe capable de conjuguer pop psychédélique et mélodies rassembleuses. La recette idéale pour la saison des festivals qui approche! La formation en sera d’ailleurs à une deuxième présence en trois ans à Osheaga cet été.

Ma Note: 7,5/10

Temples
Volcano
Fat Possum Records
49 minutes

http://www.templestheband.com/

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