Critiques

Pessimist

Pessimist

  • Blackest Ever Black
  • 2017
  • 51 minutes
6,5

Pessimist est le projet solo de l’anglais Kristian Jabs, actif sur la scène drum & bass londonienne depuis 2010 avec des simples sur vinyles et des EP numériques. Comme bien des courants de musique électronique qui ont traversé les décennies, le drum & bass a été appelés à incorporer d’autres ingrédients pour se renouveler. C’est dans ce contexte que Jabs s’est démarqué en allant vers une esthétique industrielle assez froide dans laquelle les rythmes de chaine de montage vont à la rencontre des contretemps d&b. Son premier album éponyme publié en juillet dernier sur Blackest Ever Black propose exactement cela, tout en bifurquant à l’occasion vers une forme plus techno ou house.

Le bruit de lecture de table tournante sert de fil conducteur à la pièce Intro et ses pulsions réverbérées au loin. Bloom établit une superbe ponctuation entre le kick profond et les percussions, placés devant la trame d’un tunnel rempli d’échos de roues de train frottant les rails. Ça reste plutôt calme jusqu’à ce que le segment big beat rendent la séquence plus dansante. Grit commence de façon tout aussi souterraine et se solidifie ensuite sur un beat EBM élémentaire, mais très satisfaisant; les contretemps viennent compléter la séquence sur un ton tribal irrésistible.

La dissonance scintillante de Spirals lévite loin au-dessus des pulsions dans les basses fréquences, pendant que le rythme se développe à partir d’une balle de tennis de table bondissante montée en boucle. Glued prend forme à partir de fragments réverbérés qui se rapprochent et se clarifient jusqu’à ce qu’une boucle rythmique funk nous téléporte sur une piste de danse en 1990. L’interlude War Cry marque une courte pause avec des bruits perdus dans un réseau de tunnels, disparaissant progressivement par l’éloignement de leurs échos.

Peter Hitchens ouvre sur un rythme industriel plus agressif basé sur un kick saturé et des percussions métalliques; les contretemps placés en break beat complètent bien la séquence, qui reste très entraînante malgré sa prévisibilité. No Matter What souffle plutôt lentement par rapport à la vitesse de jeu du charleston. Les percussions additionnent les impacts de façon tribale jusqu’à la conclusion en forme de scie circulaire. Through The Fog embarque tout de suite après sur une séquence vingt-cinquième anniversaire de break beat, la ligne de basse apporte un peu de profondeur et d’ombre à la boucle, mais ça ne va pas plus loin musicalement. Outro conclut sur d’autres fragments réverbérés égarés dans l’espace, laissant place au silence.

Pessimist propose un genre de drum & bass plutôt sombre et froid, qui emprunte à l’occasion au big beat, hard house ou au techno. On ressent la scène souterraine londonienne vibrer sous les impacts des kicks et les poutres en acier refléter les percussions aiguës à travers l’usine désaffectée. L’atmosphère générale est donc réussie et camoufle bien la simplicité de certaines séquences et leur effet de copier/coller prévisible.

MA NOTE: 6,5/10

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Blackest Ever Black
51 minutes

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