Critiques

EMA

Exile in the Outer Ring

  • City Slang Records
  • 2017
  • 42 minutes
7,5

Erika M. Anderson, anciennement de Gowns, lançait récemment son troisième album solo. En 2014, elle avait fait paraître le réussi The Future’s Void et on la retrouve qui présente un album qui s’inscrit dans la linéarité du précédent. Elle offre un électro-folk qui inclue des éléments de drone et de musique plus expérimentale.

EMA n’est pas le genre à écrire un album simplement pour écrire un album. La jeune femme originaire du Dakota du Sud a décidé d’ici lancer un brûlot politique qui décrit une certaine frange de la société. EMA voulait humaniser le « white trash » américain qui scande des slogans antisémite et raciste. N’allez pas croire pour autant qu’elle cautionne les agissements ou les idées de ces groupuscules extrémistes. Elle s’est inspirée du film This Is England qui met à jour les profondes blessures des gens qui se réfugient dans des groupes du genre, tel que La Meute au Québec. Bref, EMA s’adresse peut-être à ses compatriotes, mais on peut aussi prendre quelques notes pendant qu’on y est.

Elle a affirmé que c’est son album le moins mainstream et certainement le plus politique à date. Elle n’a pas tort. Même si EMA a toujours abordé la chose politique d’une façon ou d’une autre dans ses albums, elle n’en a jamais fait le cœur de la création. Elle prend cette haine qui habite certains individus et la renvoie dans ses textes comme dans I Wanna Destroy :

« We got no meaning, no gleaming, no proof
We’re arbitrary, we’re temporary, we are the kids from the void »
I Wanna Destroy

Elle n’en profite pas non plus faire le procès de tout un chacun. Elle choisit parfois de se plonger dans la peau de la personne pour exprimer son désarroi comme le fait 33 Nihilistic and Female. Cette pièce qui n’est pas sans rappeler par moment l’esthétique sonore des débuts de Marilyn Manson, permet à EMA de coucher une impasse sur une trame bruyante à souhait où le drum machine et son écho est l’une des rares choses qui structure l’ensemble.

La clé d’écoute de l’album dans son ensemble se retrouve sur Where the Darkness Began qui explique ce sentiment de détresse qui se transforme en violence face à des cibles extérieures alors que la blessure est intérieure. Outre ce texte direct par rapport au voyage qu’elle nous fait prendre sur Exile in the Outer Ring, EMA réussi à éviter les pièces qui moralise ou disent trop ouvertement ce dont elle traite.

C’est dans l’ensemble réussi pour EMA, même si parfois, les trames sont un tantinet brouillonnes. Breathalyzer est un bon exemple : un son de drone, un drum machine avec écho plutôt simplet et quelques effets de synthés pour meubler tout ça avec Anderson qui chante par-dessus. Ça manque un peu de variété dans les compositions et les sonorités utilisées pour celle-ci. À l’exception de Down and Out qui est une bouffée d’air frais à travers tout ça. Par contre, ça contribue à nous emporter dans ce sous-sol délabrer et déprimant dans lequel EMA nous invite.

Ma note: 7,5/10

EMA
Exile in the Outer Ring
City Slang Records
42 minutes

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