Critiques

Deer Tick

Vol. 1 et Vol. 2

  • Partisan Records
  • 2017
  • 70 minutes
7

Deer Tick est l’un des groupes parmi les plus mésestimés dans sa catégorie. Le folk rock prolétaire, un peu punk, un brin garage, proposé par la bande menée par John McCauley mériterait un plus grand rayonnement. Mais comme vous le savez tous, chers lecteurs, l’excellence n’est pas nécessairement un gage de succès populaire. On pourrait en débattre longtemps. Les apôtres du « paraître », qui ne jurent que par le succès de masse, auraient bien du mal à reconnaître ce qui émane du talent pur de ce qui relève du marketing…

Cela dit, Deer Tick fait partie de l’équipe des talentueux, pas de doute là-dessus. En 2013, le quatuor lançait Negativity; un virage accessible, pour ne pas dire « mature », qui m’avait laissé quelque peu sur mon appétit. Après une pause méritée, durant laquelle McCauley s’est assagi – le bonhomme s’est marié et est devenu un bon père de famille – la formation était de retour récemment avec deux albums simplement nommés Volume 1 et Volume 2.

Le concept de ces deux disques est aussi « naïf » que les intitulés : un album essentiellement folk rock et un autre qui replonge dans les racines rock garage de la formation. Deux créations qui respirent l’humilité à plein nez où le seul fil conducteur réside dans la qualité des chansons.

Tout au long de ces deux volumes, McCauley évoque la complexité de vieillir dans un monde qui exige une éternelle jeunesse de corps et d’esprit… sous peine d’être exclu. McCauley s’interroge aussi sur la façon de conserver sa pertinence et sa créativité en avançant en âge. Et la réponse se trouve assurément entre une ouverture d’esprit entière à la nouveauté et une sauvegarde de l’intégrité et l’authenticité créative qui habite tout artiste digne de ce nom. Pas une mince tâche de trouver un certain équilibre entre toutes ses exigences.

Si le Volume 1 comporte sa part de bonnes chansons, c’est le deuxième segment qui est venu me combler. Les Sea Of Clouds, Doomed From The Start, Hope Is Big ainsi que la conclusive Rejection font partie des bons moments de ce premier volet qui immerge l’auditeur dans un univers « dylanesque » assez adulte. Une sorte de continuité de ce qui était offert sur Negativity.

En contrepartie, sur le Volume 2, on retrouve Deer Tick en format résolument rock, quoiqu’un peu tempéré. C’est sous ce format que j’apprécie plus spécifiquement la formation et les ascendants punk rock millésimés sont toujours présents à l’arrière-scène. Je pense entre autres à l’excellente Jumpstarting que n’aurait pas reniée le bon vieux Paul Westerberg. McCauley et ses comparses incorporent également quelques influences « springsteenienes » qui mettent de l’avant des moments pianistiques intéressants.

Ce Volume 2 regroupe donc une majorité de chansons fort valables. La country rock Look How I Am Clean, les retentissantes It’s A Whale et Sloppy, la locomotive S.M.F et le rock ’n’ roll « drette dans ta face » titré Mr. Nothing Gets Worse sont les parfaits porte-étendard de ce deuxième tome.

Ceux qui aiment le rock sans fioritures adhéreront aisément au Volume 2 et ceux qui préfèrent leur folk rock un peu pépère y trouveront leur compte avec le Volume 1. Bref, même si je préfère nettement Deer Tick en mode abrasif, la formation demeure une valeur sûre. Un groupe sur qui l’amateur de rock peut certainement compter.

Ma note: 7/10

Deer Tick
Vol. 1 et Vol. 2
Partisan Records
70 minutes

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