Critiques

Crabe

Le temps f33l

  • Indépendant
  • 2016
  • 39 minutes
7,5

CrabeCrabe est de retour. Les fans de punk marginal/hardcore/mélodieux pourront se régaler en écoutant Le temps f33l. Anti-Vague, précédent effort du duo, avait franchement plu à mes oreilles toujours à l’affût de quelques saignements possibles. Une chose est sûre, Crabe ne s’est pas ramolli depuis le dernier effort. Par contre, on retrouve une formation renouvelée à 50 %! David Dugas Dion a quitté pour poursuivre de nouvelles aventures musicales et c’est Gabriel Lapierre (FuckUkaliss) qui prend le relais derrière les tambours. Martin Höek lui, garde toujours sa guitare en main et son micro près de sa bouche qui nous dispense à une rapidité éclair des mélodies sauvages.

Ce sixième album démontre une chose. Le son de Crabe est clair. Surtout depuis Anti-Vague, on sent que les aspirations sonores et les changements déjantés sont maîtrisés. C’est maintenant le temps de nuancer et le duo le fait habilement sur Le temps f33l. Toujours armé d’une poésie surréaliste, mais tout de même ancré dans le réel, Crabe nous envoie des feux d’artifice sonores, des lourds riffs, des moments de beauté et des surprises un peu partout sur l’album.

À chaque fois qu’on voudrait trancher que la formation se perd avec sa poésie, comme sur Vraiment ma pointe de pizza: «Tellement une pan dans la cuisine de Satan, se faire rouer de coups de poing à la ligne», ils nous envoient un: « Comme des pieds dans les plats, les légumes dans la bouche, la fourchette dans le cœur, quand tu manges pas ça m’écœure/Je vis le bon qui se trouve sous la dent/Le but dans la faim c’est partager son bien, ouvrir son cœur aux gens qui tendent la main». Certes, la poésie n’est pas aisée à avaler, mais elle comporte plusieurs images claires et émouvantes. Un peu comme le Pierre Lapointe du temps de la Forêt des mal-aimés.

Ma collection de gicles et de ouaches nous offre certains des moments les plus lourds de l’histoire du band. Le riff est viscéral et vient jouer dans les mêmes cordes que Black Sabbath dans ses belles années. Déjà bientôt la lumière rentre au poste avec une énergie contagieuse et se rapproche beaucoup d’une pièce de punk dite normale… ou… moins déroutante, mettons. Höek se gâte comme toujours avec des moments mélodiques qui restent pris dans les oreilles comme lorsqu’il chante: «Monet mon nom» sur la pièce du même titre. Autre moment bien plaisant pour les oreilles, la fulgurante Ma chaudière Ataraxie qui rappelle beaucoup ce que Crabe faisait sur Anti-Vague. À l’exception du surprenant clip parlé à la fin qui nous offre des petites perles comme «Normal, je sais pas. On dirait que je sens rien comme d’habitude. Je pense qu’il faut juste que j’appose énergie et œil sur l’instant pour que ça chill down deux secondes.» Le tout dit avec une voix plus proche de Bernard Derome que d’un jeunot dans la vingtaine.

Bref, Crabe est encore déroutant, mais si charmant. C’est brut, c’est viscéral, c’est méchant, mais pas trop… c’est essentiel. Le duo ne fait aucune concession dans ses compositions. Ce courage est non seulement impressionnant, mais il se doit d’être salué. Crabe a de l’audace à revendre. Un autre album bien réussi.

Ma note: 7,5/10

Crabe
Le temps f33l
Indépendant
39 minutes

http://crabecrabe.tumblr.com/

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