Critiques

Conor Oberst

Upside Down Mountain

  • Nonesuch Records
  • 2014
  • 54 minutes
7,5

GNcEt8eLe songwriter, maintenant âgé de 34 ans, nommé Conor Oberst, nous propose aujourd’hui un album en mode solo titré Upside Down Mountain. Réputé pour ses innombrables projets musicaux (dont le plus connu répond au nom de Bright Eyes) le créateur est un compositeur hyperactif qui rate rarement la cible. Associé exagérément au mouvement alt-country popularisé à la fin des nineties, Oberst aime beaucoup emprunter à divers genres musicaux afin de bonifier son offre sonore.

Cette fois-ci, le compositeur s’est adjoint les services de quelques réalisateurs, dont le très prisé Jonathan Wilson. Ce qui aurait pu se transformer en un exercice artistique manquant furieusement de cohérence, ce disque ne souffre étonnamment d’aucune absence de constance. Ça coule de source du début à la fin et ce Upside Down Mountain met en évidence le talent d’Oberst: un auteur-compositeur-interprète qui élabore ses chansons avec une facilité déconcertante… mais qui dit aisance, dit également de nombreuses heures laborieuses à écrire et concevoir dans l’ombre.

Moins tourmenté musicalement/littérairement, Oberst sitedemo.caigue une sitedemo.cauction plus rayonnante et optimiste; les admirateurs qui le préfèrent en mode Lua (grande chanson apparaissant sur l’excellent I’m Wide Awake It’s Morning) pourraient être quelque peu désarçonnés par ce virage lumineux d’Oberst. On dit «lumineux», mais le bonhomme nous balance quand même quelques morceaux mélancoliques de luxe tel que la frémissante Lonely At The Top sur laquelle l’auteur exprime simplement, en une seule phrase, la contradiction entre la liberté et l’amour: «Freedom is the opposite of love». On serait presque porté à lui donner raison!

La voix nasillarde/plaintive et les constructions mélodiques pourront sembler répétitives et un peu lassantes, pour qui n’aime pas le genre musical. Cependant, ces légers impairs sont largement compensés par une écriture chansonnière sans fioriture et totalement efficiente, une réalisation orfévrée/astucieuse qui propulse les ritournelles à un cran supérieur ainsi que l’indéniable aptitude de conteur/poète que détient Conor Oberst… et c’est sans compter sur un ordre de chansons flirtant avec la perfection! On ne parle jamais assez de l’importance d’un «pacing» adéquat lorsqu’on écoute un album de qualité.

Notre homme y va de ses meilleurs efforts sur la très Neil Young-esque intitulé Zigzagging Toward The Light, la superbe Double Life, le folk country Night At Lake Unknown, la dépouillée You Are Your Mother’s Child, le rock adroitement ampoulé titré Governor’s Ball, l’utilisation judicieuse des claviers sur Desert Island Questionnaire ainsi que la conclusive Common Knowledge. On note un seul morceau faiblard: la pop guillerette Hundreds Of Ways; sans quoi ce Upside Down Mountain aurait probablement obtenu une note plus importante.

Voilà une création que les aficionados de chansons made in USA, alliant une certaine modernité à un traditionalisme musical, sauront apprécier à sa juste valeur. Loin d’être innovant, ce disque porte en contrepartie la forte signature de son auteur. Donc, exit les ornementations excessives et superficielles alors que l’emballage sonore est totalement au service des chansons de Conor Oberst. Une évidente réussite folk rock!

Ma note: 7,5/10

Conor Oberst
Upside Down Mountain
Nonesuch Records
54 minutes

www.conoroberst.com

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