Critiques

Christ

Tower

  • L’œil du tigre
  • 2015
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

ChristMontréal a vu naître plus d’un groupe de rock instrumental à saveur hautement dramatique, on peut même dire que c’est une des spécialités de la ville. Si on se fie aux apparences, on pourrait s’attendre à une série de clichés de la part du quatuor C H R I S T, mais les écoutes répétées de T O W E R démontrent qu’on n’a pas affaire ici à une formation qui se perd dans le courant ou qui s’accroche tant bien que mal à sa scène locale.

C H R I S T offre un rock instrumental sombre, axé sur des idées qui semblent évidentes, mais que peu de groupes arrivent à atteindre. Dans chacune des quatre pièces, une progression d’accords est lentement et patiemment déclinée pour créer un effet hypnotisant menant vers une résolution cathartique. L’idée n’est ni nouvelle ni rare; on trouve des variations de cette approche dans les influences habituelles du genre (Godspeed, Neurosis, Earth, Mogwai). Il faut tout de même reconnaître que quand c’est fait avec doigté et avec bon goût, comme c’est le cas ici, l’effet est encore saisissant.

Sans être explicitement métal, le quatuor dégage quelque chose de lugubre et de tendu que ne renieraient pas Neurosis et Isis. Ce n’est pas dans le son des guitares, qui est à peine distortionné, ni dans celui de la batterie qui reste toujours feutré. Ce n’est pas non plus dans la voix, qui n’apparaît que dans une chanson, et qui marmonne sans hausser le ton. Tous les instruments se tiennent cependant dans les fréquences moyennes et basses, et les mélodies ont quelque chose d’incantatoire qui pousse l’ensemble vers les régions plus maléfiques du rock. C H R I S T vient s’inscrire dans le courant post-metal sans s’en tenir du tout aux signifiants du métal.

Le pouls s’accélère seulement dans la troisième des quatre pièces de l’album, Planar, une composition plus enfiévrée et angoissée, en partie grâce à la présence d’une voix et de paroles pratiquement inaudibles. Dans les trois autres pièces, le rythme est glacial, les progressions se déroulent calmement et culminent en de légères variations du riff principal. Dans le cas de la pièce finale, Ornement, le «payoff» arrive par un simple accord judicieusement placé qui vient résoudre la tension bâtie pendant de longues minutes. Le procédé semble évident, mais il frappe droit dans les centres de plaisir du cerveau.

C H R I S T démontre du bon goût, de la patience, un souci du détail et un grand sens de l’atmosphère, le tout sans sonner comme le clone de qui que ce soit. C’est un cocktail de qualités simples qu’on ne trouve pas assez dans le post-rock de nos jours.

Ma note: 8/10

C H R I S T
T O W E R
L’Oeil du tigre
42 minutes

http://chrst.bandcamp.com/releases

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