Critiques

Chet Faker

Built On Glass

  • Downtown Records / Future Classics
  • 2014
  • 52 minutes
7
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Chet Faker est le nom d’artiste du musicien et sitedemo.caucteur australien Nicholas James Murphy, en hommage au chanteur et trompettiste jazz Chet Baker. Faker est entré par la grande porte de la scène indépendante australienne en gagnant plusieurs prix suite à la parution de son EP Thinking In Textures (2012). Il nous présente son premier album Built On Glass, sorti au printemps dernier.

Là où Thinking In Textures était homogène, un peu linéaire par moment, Built On Glass part dans plusieurs directions, tournant autour d’un soul électronique bien senti. L’album commence sur des notes de piano électrique, dont l’introduction mène à une inspiration de bruit blanc, et puis silence. La voix de Faker donne le ton, supportée par une basse et un beat électro, pour ainsi former Release Your Problems. La mélodie respire le silence; les fins de sections sont chantées presque a cappella. C’est joliment fragile.

Talk Is Cheap continue la route sur l’air reggae de Faker, avec un saxophone copié/collé et une rythmique trip hop qui rentre très bien dans le tapis. Melt reprend là où Talk Is Cheap nous laisse. Ça se ressemble un peu trop jusqu’à ce que la chanteuse Kilo Kish renouvelle la pièce avec un chant hip hop interprété avec un sourire en coin. Gold prend un virage plus R&B, épaissis subtilement par de la distorsion. C’est plus sale, plus lourd, avec des glissements de guitare électrique. To Me termine la première moitié de l’album de façon plus folk, sur une touche plus mélancolique, mais une basse un peu répétitive.

Blush part dans une direction électro, avec des effets et filtres appliqués sur une toute autre gamme de sons synthétiques. Tout d’un coup, Faker fait un énorme bond vers un trip hop épique à la Massive Attack et Portishead. C’est le sommet de l’album. 1998 continue dans la lignée exploratoire avec un mélange de house et de R&B; Cigarettes & Loneliness surprend également avec son folk/post-rock à quelque part entre Jack Johnson et LCD Soundsystem. Dead Body termine la séance de façon plus concise en retournant vers un R&B plus romantique, qui fait ressortir la facette crooner de Faker.

Built On Glass porte bien son nom; les fondations sont ancrées dans une matière fragile et sincère. Les influences jazz, gospel, R&B et soul permettent à Faker de déployer son savoir-faire, spécialement dans les mélanges, et c’est très satisfaisant par moment. Par contre, on aurait apprécié un peu plus de rigueur dans le montage de l’album. L’interlude « / » accentue l’impression d’avoir deux maxis au lieu d’un album, tellement elle met en valeur la différence d’intention entre les deux moitiés. No Advice (Airport Version) et Lesson In Patience passe pour des maquettes à côté d’autres pistes comme Talk Is Cheap et Blush. N’empêche, Built On Glass est un premier album qui confirme le talent musical de Chet Faker. On a hâte à la suite.

Ma Note: 7/10

Chet Faker
Built On Glass
Downtown/Future Classic
52 minutes

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