Critiques

Benjamin Booker

Benjamin Booker

  • ATO Records
  • 2014
  • 45 minutes
8
Le meilleur de lca

CD Benjamin BookerLe sud. D’abord celui de la Floride, puis celui de La Nouvelle-Orléans. Véritable bassin du jazz et du blues sudiste, le jeune Benjamin Booker s’est imprégné des courants musicaux qui y prévalent et le voici qui propose son premier disque bien à lui. Un disque éponyme qui regorge de guitare, de tempo saccadé et d’élément en accord avec le passé glorieux des bluesmen d’antan.

En pièce d’ouverture, un Violent Shiver à la Chuck Berry. Dans l’application du tempo (simple, saccadé, bon enfant, entraînant, rock à souhait) et surtout dans cette guitare piquée, une note électrique à la fois. La maîtrise de l’instrument est complète. Benjamin Booker a bien fait ses devoirs et offre une entrée en matière qui promet grandement. À cette guitare clarifiée, le reste de l’instrumentation qui lui est opposé est tout sauf propre. La batterie, forte et puissante, et cet orgue (un Hammond B3?) qui rappelle les belles envolées entendues au début des années 70 tant dans le courant blues que rock, érigent un mur du son lourd et granuleux. Beau contraste.

Et si la guitare demeure tout au long de l’album l’élément de prédilection et de mise en valeur sur ce disque (tantôt précise, tantôt distorsionnée), il ne faudrait pas passer sous silence la voix de ce Benjamin Booker. À l’écoute, nous ne pouvons croire qu’il n’a que 22 ans. Rauque, chaude, aux accents rugueux, le jeune homme l’utilise et l’exploite dans la pure veine du «rock-and-blues» préconisé il y a quarante ans dans le sud des États-Unis. C’est saisissant d’efficacité et accompagne parfaitement l’univers musical qu’il propose.

Une fois l’assimilation faite de cette musicalité où s’amalgame les courants rock à gogo, blues, rock psychédélique et grunge, il est bon de constater que Booker n’a pas négligé la plume et propose des textes où le sérieux et l’histoire s’invitent à l’occasion.

«I know that I can never make it right/But it’s hard to live in failure/My son is lost in the world somewhere/I help him every day», fait-il dire à un prisonnier (son père?) sur la pièce Have You Seen My Son?

Ségrégation, regard sur le passé sudiste américain, abandon paternel, recherche identitaire… Benjamin Booker fait les choses sérieusement sur son premier opus, tout en réussissant à amuser l’oreille de l’auditeur. Il faudra suivre le jeune homme dans les prochaines années.

Ma note: 8/10

Benjamin Booker
Benjamin Booker
ATO Records
45 minutes

www.benjaminbookermusic.com/

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