Critiques

Bardo Pond

Volume 8

  • Fire Records
  • 2018
  • 40 minutes
6

Bardo Pond poursuit sur sa lancée. Le légendaire, mais niché, groupe de noise-rock de Philadelphie fait paraître ces jours-ci Volume 8, moins d’un an après l’excellent Under the Pines. Depuis 2010, Bardo Pond a lancé six LP et deux EP laissant seulement les années 2011 et 2014 exemptes d’une parution. C’est quelque chose !

Bon, c’est vrai que certains fins connaisseurs de la discographie de l’ensemble pourraient arguer que Volume 8 n’est pas tout à fait un disque officiel…

Voyez-vous, c’est que depuis 2000, Bardo Pond fait paraître de manière très DIY des disques d’improvisations musicales. Rassemblés en une collection de «volumes», ces disques étaient gravés, jusqu’à ce huitième, sur des CD-R par le groupe lui-même qui distribuait le tout à gauche et à droite.

Cette fois-ci, Volume 8 sort sur Fire Records, alors, album officiel ou non, disons que comme il mérite une distribution normale, nous le prendrons comme tel.

Et c’est même assez pertinent de faire entendre à un large public d’amateurs du cultissime groupe ses explorations improvisées, car l’improvisation fait tant partie de la démarche du quintette qu’on a même souvent l’impression que de bonnes parts de ses albums ont été enregistrées lors d’un jam spontané. Cette improvisation donne d’ailleurs tout son sens au caractère transcendantal et hypnotique de la musique de Bardo Pond.

Donc, sur Volume 8 on fait un lent voyage dans l’univers de Bardo Pond et sans être tranquille dans son ensemble, c’est définitivement un disque qui s’écoute bien. Avec une costaude entrée en matière (Kailash) et une épique conclusion (And I Will) qui se déploie sur plus de 16 minutes, le groupe ceinture trois chansons plus linéaires, dépouillées et pensives.

Variation en intensité donc, sur ce Volume 8, et variation aussi en qualité. Loin d’être inintéressantes, les pièces centrales Flayed Wish, Power Children et Cud semblent néanmoins moins travaillées, même si c’est un peu bizarre à dire d’une improvisation. En fait, si on le pose dans l’autre sens, comme Kailash et And I Will, sont jouées en « full band », on y perçoit davantage de strates et de profondeur, ce qui fait un brin sonner les autres pièces comme des démos aux oreilles de l’auditeur.

Finalement, Volume 8 saura plaire aux amateurs du groupe et aux curieux de tout ce qui est psychédélique ascendant noise. Pour les autres, il vaudrait mieux se procurer Under the Pines qui est un des meilleurs gravés du groupe des 15 dernières années, mais qui était aussi un de ses plus accessibles. Et pour un groupe aussi insaisissable que Bardo Pond, c’est une bonne chose que de prendre la bonne porte d’entrée.

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