Critiques

Against All Logic

2012-2017

  • Other People
  • 2018
  • 65 minutes
7

Against All Logic est le projet solo du compositeur chilien/états-unien Nicolas Jaar, très présent sur la scène internationale depuis la sortie de ses albums Space is Only Noise (2011) et Sirens (2016), à partir desquels Jaar a développé un parfait équilibre entre les structures dansantes et les sonorités expérimentales. En parallèle à ce succès, il a publié Psychic (2013) en duo avec Dave Harrington sous le nom Darkside, de l’électro rock atmosphérique qui fait penser à du Pink Floyd. Jaar était de retour en février avec la sortie non annoncée de son troisième album sous A.A.L., une compilation de simples composés entre 2012 et 2017, moins expérimental et pas mal plus répétitif.

This Old House Is All I Have ouvre l’album superbement bien en combinant des impacts saturés, une trame funk qui groove comme dans les 70s et des échantillons de voix soul placés en glissando. Ça coupe sec avec le break beat réverbéré de I Never Dream, bouclant sur des accords de piano électrique. La mélodie se développe en parallèle à un échantillon de voix enthousiaste et annonce une forme pop, mais ça tombe heureusement dans un rythme IDM, se renouvelant à chaque boucle pour entretenir l’air festif. Le rythme house de Some Kind Of Game fait immédiatement taper du pied pendant que la mélodie varie en présence, passant de l’étouffement durant le couplet à la clarté cristalline du refrain. Mention spéciale pour la piste de voix légèrement accélérée. Hopeless tourne en boucle sur un arpège descendant, un charleston et un synthé plus mélodique. Le « kick » la fait plonger dans les basses fréquences pendant que Jaar joue avec l’effet de pompage.

Know You part sur échantillon de funk légèrement accéléré, la séquence est irrésistible, le rythme varie efficacement en densité, mais ça ne va pas plus loin que la boucle de départ. Such a Bad Way continue dans une direction house avec des extraits de R&B des années 70 et une atmosphère de 5 à 7 bien habillée qui passe en boucle. City Fade superpose les accords de piano joués, les clappements de main et les échantillons de voix chantés en allemand pour former la pièce la plus solide de l’album. L’ajout des percussions et de la basse acid house donne un résultat final improbable, quelque part entre Moby et Cabaret Voltaire, un coup de cœur musical qui n’a rien à voir avec le reste. Now U Got Me Hooked démarre à partir d’un riff de guitare qui mène à un montage disco absolument parfait. La séquence s’évade ensuite dans les basses pendant que les percussions gardent le rythme jusqu’à son retour dans les hautes fréquences.

Flash in The Pan change complètement de style en passant à du dancehall alourdi, au départ très sexy, mais relégué à l’arrière par une mélodie un peu molle à l’orgue filtré. Le clavier new age saturé ouvre You Are Going to Love Me and Scream avec ses trois accords descendants accompagnés par les échantillons de voix angélique. Le mouvement varie rythmiquement jusqu’à ce qu’un solo de synthétiseur acid termine la pièce sur une séquence italo-disco. La cloche à vache ouvre Rave On You avec le sourire, laissant ensuite les synthétiseurs développer la mélodie en pièce IDM.

2012-2017 laisse une drôle d’impression en mélangeant une superbe palette sonore à des structures très répétitives. On reconnaît en partie la signature de Jaar, mais l’absence de ligne directrice fait en sorte que les pièces n’ont pas le temps d’approfondir de thème central. En faisant abstraction des deux albums précédents, 2012-2017 confirme tout de même le savoir-faire de Jaar en ce qui a trait au montage très efficace des boucles sonores et séquences rythmiques.

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