Critiques

Public Service Broadcasting

Every Valley

  • PIAS
  • 2017
  • 45 minutes
7

Après avoir consacré leur deuxième album à la conquête de l’espace, les intellos britanniques de Public Service Broadcasting ont choisi de plonger dans les profondeurs des mines de charbon sur leur nouvel opus, Every Valley. Un thème intrigant qui donne un disque étonnamment enjoué, alors qu’il raconte le déclin d’une industrie qui a confiné des milliers d’ouvriers au chômage depuis près de 40 ans.

Avec leur look de travailleurs de bureau et leur intérêt pour l’histoire et les archives du passé, les trois membres de Public Service Broadcasting n’ont absolument rien du prototype de la rock star. Installés dans le sud de Londres, leur réalité n’a rien à voir non plus avec celle des communautés qui ont subi de plein fouet la lente agonie de ce secteur d’activité, jadis le plus important de l’économie britannique avec plus d’un-million de travailleurs. Mais soucieux de s’immerger dans leur sujet, ils se sont installés dans une petite ville industrielle du pays de Galles pour enregistrer Every Valley, transformant un ancien local de réunion syndicale en studio.

De la même manière que le précédent, The Race for Space, qui faisait amplement usage d’archives sonores documentant la course entre les États-Unis et l’U.R.S.S. pour la conquête de l’espace de la fin des années 50 jusqu’au début des années 70, Every Valley recourt à de nombreux extraits audio pour décrire la montée et le déclin de l’industrie du charbon en Grande-Bretagne. L’album s’ouvre d’ailleurs avec la voix de l’acteur Richard Burton qui, dans une entrevue en 1980, parlait de son admiration pour les travailleurs du charbon, qu’il appelait « les rois du monde souterrain ». La musique se veut grandiloquente, avec une orchestration somptueuse, comme pour rappeler que cette industrie a déjà été remplie de belles promesses…

Certains moments font également sourire. La troisième plage, People Will Always Need Coal, fait entendre un extrait d’une vieille publicité télévisée qui vantait les avantages de devenir travailleur du charbon : « Come on, be a miner! There’s money and security! » Mais c’est sur le titre Progress que l’album prend véritablement son envol, avec une rythmique pop et la voix de la chanteuse Tracyanne Campbell, du groupe Camera Obscura, le tout enrobé d’effets de vocodeur et d’une ligne de basse qui rappellent l’instrumentation de la troupe allemande Kraftwerk.

La première moitié du disque surprend un peu avec des pièces au ton optimiste et des rythmiques dansantes. Sans doute J. Willgoose, Esq. et ses comparses ont-ils voulu illustrer l’âge d’or de l’industrie du charbon, des années 1700 jusqu’au milieu du 20e siècle. Le ciel s’obscurcit avec la très lourde All Out, qui évoque les grèves de 1984-1985 pour protester contre la décision du gouvernement Thatcher de fermer des dizaines de mines. Ici, la colère des travailleurs est illustrée par des guitares abrasives qui renvoient aux titres les plus musclés du répertoire de Mogwai.

La seconde partie se veut un peu plus évocatrice et n’atteint pas la puissance de la première, malgré la présence de chanteurs invités comme James Dean Bradfield, des Manic Street Preachers. Certains titres nous transportent, comme la superbe They Gave Me a Lamp et son instrumentation riche de cordes et de cuivres, mais d’autres sombrent dans la musique d’ambiance, comme la fade You + Me.

Malgré quelques titres plus faibles, Every Valley reste un exercice de style intéressant, et qui a le mérite d’aborder un sujet vraiment pas évident à transposer en musique. À voir le 16 septembre au Belmont dans le cadre de Pop Montréal

MA NOTE: 7/10

Public Service Broadcasting
Every Valley
PIAS Recordings
45 minutes

https://www.publicservicebroadcasting.net/

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