Critiques

Peter Perrett

Peter Perrett – How The West Was Won

  • Domino Records
  • 2017
  • 42 minutes
7

La semaine dernière, un important musicien anglais, que je croyais à jamais disparu du radar, revenait à la vie après plus de 20 ans d’absence. Le meneur de la légendaire formation britannique The Only Ones, Peter Perrett, lançait son premier album solo en carrière intitulé How The West Was Won. De 1976 à 1982, ces précurseurs du post-punk ont mis sur le marché trois albums qui sont aujourd’hui cités en référence par certains artistes britanniques respectés, de Daman Albarn en passant par Gaz Coombes, entre autres. L’album homonyme paru en 1978 est particulièrement réussi.

À l’époque, ce qui différenciait Perrett de ses semblables, c’était ce ton monocorde et cette voix un peu traînante qui, combinés au sarcasme incisif de ses textes, faisaient de lui une icône du rock européen… mais ça n’a pas duré bien longtemps. Perrett a sombré assez rapidement dans une triste apathie, préférant s’isoler du reste du monde pendant de nombreuses années, tout en consommant tout ce qui existait en matière de drogues dures et tout ça en demeurant avec la même épouse pendant plus de 40 ans. Le couple a même eu deux enfants, Jamie et Peter Jr qui, par ailleurs, l’accompagnent efficacement sur cet excellent disque. Pour en savoir plus, je vous invite à lire cette longue interview réalisé par Les Inrocks. Ça en dit assez long sur parcours tortueux du bonhomme.

Eh bien, c’est à ma grande surprise que j’ai retrouvé intact (mais totalement intact !) tout ce qui fait de Perrett un grand songwriter rock. Sa voix languissante, ses textes caustiques et ce naturel, autant dans l’exécution que dans l’interprétation. Tout est là et ça coule de source avec une impression de facilité déconcertante… comme si Perrett n’avait jamais stoppé sa route. Du début à la fin, l’Anglais explore les tensions émotionnelles complexes qui l’habitent; toujours amplifiées par ces inflexions vocales désabusées qui ont fait sa renommée.

Musicalement, ça demeure simple (pour ne pas dire simpliste), mais la pertinence de Perrett ne réside pas dans la virtuosité ou dans la charlatanerie musicale. Pour être bon, le vétéran, âgé aujourd’hui de 65 ans, doit être bien entouré et sur How The West Was Won, c’est le cas. Sans être transcendant d’un bout à l’autre, il nous gratifie d’une poignée de superbes chansons. Je pense à la pièce titre, la très The Only Ones (ceux qui connaissent le groupe sauront de quoi je parle) How The West Was One. Living In My Head, qui renvoie à la période « misanthropique » du musicien, bouleverse grâce à la sincérité inattaquable de l’artiste. Et dans C Voyeurger, Perrett rend un superbe hommage à son épouse, sa complice depuis plus de 40 ans, celle qui ne l’a jamais lâché autant dans les bons que les moments « au plancher ». Émouvant.

L’une des énigmes artistiques du rock britannique revient à la vie avec un disque tout à fait à la hauteur. Pour un homme qui a ratissé les bas-fonds de l’existence, je me réjouis de l’entendre dans une forme aussi étonnante. Cet homme s’est saboté lui-même, humainement et artistiquement, et de le voir remonter la pente avec autant de panache prouve que le problème n’était assurément pas le talent.

Ma note: 7/10

Peter Perrett
How The West Was Won
Domino Recordings
42 minutes

http://perrettlyrics.blogspot.ca/

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